Propager le plaisir de lire chez les élèves
Les suggestions créatives de Sophie GAGNON-ROBERGE autour de l'objet-livre.
Si l'on en croit les résultats des enquêtes PIRLS et PISA, les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles seraient à la traine en ce qui concerne les compétences de lecture. En effet, lors de l'enquête PIRLS 2016, avec une moyenne globale de 497 points, les jeunes élèves belges francophones se sont classés derrière l'ensemble des pays appartenant au même groupe de référence1. Les résultats de l'enquête PISA 2015, qui concerne les élèves plus âgés, montrent eux aussi une détérioration des performances en lecture de nos élèves2.
Il ne s'agira pas, dans cet article, de s'attarder sur les facteurs qui expliquent ces résultats, et encore moins d'évaluer la qualité des enquêtes externes, mais plutôt d'esquisser quelques pistes concrètes en vue de favoriser la motivation et l'engagement des élèves dans les tâches de lecture. Car, on le sait, lire, c'est un peu comme apprendre à faire du vélo ou à apprécier le vin : plus on en fait l'expérience (dans des conditions appropriées), plus on se sent à l'aise et plus on développe et améliore ses compétences. Mais l'on sait aussi que, comme le souligne Daniel PENNAC, « le verbe lire ne supporte pas l'impératif ».
Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe « aimer », le verbe « rêver »... On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! » « Lis ! » « Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire ! » [...] Résultat ? Néant.3
Pour lire, il faut donc d'abord avoir envie de lire... En effet, pour « bien lire » et développer ses compétences, l'élève doit s'engager dans la tâche, et pour s'engager dans la tâche, il doit être motivé. Le modèle d'engagement en lecture développé par GUTHRIE et WIGFIELD4 met en évidence les liens qui existent entre ces trois notions : motivation, engagement et performances en lecture.
Modèle d'engagement en lecture de GUTHRIE et WIGFIELD (2018) d'après LAFONTAINE et al. (aout 2018)
Donner le gout de la lecture aux apprenants et les aider à cultiver celui-ci est dès lors un objectif que doivent poursuivre les enseignants de français, quel que soit leur public. La tâche semble plus aisée pour les instituteurs que pour les enseignants du secondaire. En effet, la plupart des enfants aiment lire : ils aiment découvrir des albums seuls ou avec leurs parents, ils manifestent souvent leur satisfaction d'avoir réussi à déchiffrer un mot, une phrase ou un texte, et certains prennent même plaisir à lire en cachette le soir à la lueur d'une lampe de poche... Il n'en va pas forcément de même pour les adolescents. Certes, certains dévorent les livres, mais la majorité d'entre eux perçoivent la lecture comme une tâche ardue d'ordre scolaire. Ainsi, ils lisent peu et s'ils se forcent à réaliser les lectures obligatoires, c'est bien souvent parce qu'il y a une interrogation ou une récompense à la clé. Leur motivation est dès lors limitée et essentiellement extrinsèque.
Comment favoriser la motivation intrinsèque ?
Comment aider les élèves à s'engager dans les tâches de lecture ? Comment les accompagner dans leur découverte des textes et leur (re)donner gout à la lecture ?
Sans doute avez-vous déjà entendu parler de Sophie GAGNON-ROBERGE, cette lectrice passionnée diplômée de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) qui a enseigné le français au premier cycle du secondaire avant de se consacrer à la formation des enseignants dans le domaine de la lecture. Amoureuse de la littérature, et en particulier de la littérature jeunesse, elle possède un site internet exclusivement consacré aux livres destinés aux jeunes de 12 à 17 ans5. On y trouve notamment des critiques d'albums et de romans, des suggestions de lectures classées par centres d'intérêt, et une « zone écoute » permettant de découvrir des extraits de romans via la voix de leur auteur. En outre, une rubrique intitulée « coin des profs » propose aux enseignants des ressources et des activités clé sur porte.
En 2016, Sophie GAGNON-ROBERGE rédige, à l'attention des enseignants de la fin du primaire et du début du secondaire, un ouvrage intitulé Propager le plaisir de lire chez les élèves6. Celui-ci rassemble des suggestions souvent originales autour du livre et de la lecture. En 2018, l'auteure prolonge ce travail en publiant aux éditions Érasme un second ouvrage centré sur le plaisir de lire à l'école primaire.
Cet article a pour seule ambition de vous faire découvrir quelques propositions issues du premier ouvrage. Au sein de ce volume, les activités s'organisent en six axes : la proximité, la passion, le quotidien, l'accompagnement, le choix et le partage. Je m'intéresserai aux trois premiers axes. Les autres axes feront l'objet d'un prochain article.
1. La proximité : des livres en classe et des élèves dans les bibliothèques
Une étude menée par Michelle J. KELLEY et Nicki CLAUSEN-GRACE en 20107 a démontré que les élèves qui évoluent dans un environnement qui fait la part belle aux livres ont habituellement de bonnes habiletés en lecture et développent une attitude positive vis-à -vis des tâches qui travaillent et sollicitent cette compétence. C'est pourquoi, dans le premier chapitre de son ouvrage, Sophie GAGNON-ROBERGE propose plusieurs idées en vue d'entourer les élèves de livres et de favoriser ainsi le contact avec ces objets : créer une bibliothèque de classe et/ou un coin lecture confortable contrastant avec l'organisation traditionnelle du local, mettre en place une boite de troc de livres dans laquelle les élèves pourraient déposer des livres qui leur ont plu et découvrir ceux qui ont retenu l'intérêt de leurs camarades, décorer le local à l'aide de livres, de couvertures de livres, etc.
- Des idées pour gérer et faire vivre une bibliothèque de classe
Il ne s'agit pas seulement de mettre en place des espaces et des outils, il faut les faire vivre. Dans une bibliothèque digne de ce nom, les livres entrent et sortent. Le stock est alimenté et certains ouvrages quittent les rayonnages pour faire place à d'autres volumes plus récents ou jugés plus intéressants. Les élèves peuvent tout à fait prendre part à la gestion de la bibliothèque de la classe en se positionnant par exemple sur les livres à conserver et sur ceux à supprimer. Cela permettra à l'enseignant de mieux cerner les gouts de ses élèves et d'ajuster ainsi l'offre en veillant toujours à proposer des livres adaptés aux différents niveaux de lecture.
Il convient aussi d'animer l'espace bibliothèque en mettant des livres en évidence, couverture de face, comme cela se fait en librairie. Cette technique de marketing permettra d'attirer l'œil du potentiel lecteur et l'amènera sans doute à feuilleter ou à manipuler le livre dont la première de couverture l'attire. De même, l'enseignant pourrait régulièrement afficher de brefs extraits accrocheurs de romans afin d'attiser la curiosité des jeunes.
Ces derniers pourraient se mettre eux-mêmes dans la peau du libraire en rédigeant un court billet ou commentaire sur un livre qui leur a plu, dans le but de donner envie à d'autres de le découvrir. Collé ou épinglé sur la couverture du livre, le commentaire serait ainsi placé à la vue de tous.
Source : Librairie Pax (Liège)
- Des idées pour choisir et manipuler des livres en bibliothèque
Si faire entrer les livres en classe est intéressant, emmener les élèves dans une bibliothèque à taille réelle l'est tout autant. Ce qui importe, c'est d'établir un contact, un lien, entre les livres et les élèves. C'est pourquoi la visite d'une bibliothèque doit être préparée. Sophie GAGNON-ROBERGE propose diverses activités à réaliser sur place, à commencer par ce qu'elle nomme le « speed dating littéraire ».
Le principe du « speed dating littéraire » est simple :
- L'enseignant dispose sur plusieurs tables (autour desquelles les élèves pourront circuler) une sélection de livres de tous les genres et de tous les niveaux. L'idéal est d'avoir au moins deux fois plus de livres qu'il n'y a d'élèves.
- Les élèves sont répartis en équipes de quatre. Chaque équipe se regroupe autour d'une table de livres.
- Les élèves disposent de quatre minutes pour explorer les ouvrages présents sur la table. À la fin du speed dating, ils seront amenés à choisir individuellement un livre, celui qui les attire le plus. Ainsi, durant les quatre minutes dont ils disposent, ils prêteront attention aux éléments tels que la couverture, le titre, l'auteur, la maison d'édition, la quatrième de couverture et le résumé qu'elle propose, les premières lignes du livre, etc., et identifieront ceux qui leur donnent ou non envie d'explorer davantage tel ou tel ouvrage. Le timing serré peut provoquer une légère frustration, un petit gout de trop peu... et c'est tant mieux ! Cela devrait donner envie aux élèves de retourner feuilleter l'un ou l'autre livre une fois l'activité terminée.
- À l'issue du temps imparti, on opère une rotation : chaque groupe passe à la table suivante.
- L'activité se poursuit jusqu'à ce que les élèves aient fait le tour de toutes les tables. Il s'agira alors pour chacun de sélectionner un livre qu'il souhaiterait lire et d'expliquer ce choix.
Afin d'accompagner les élèves dans la découverte et la sélection des livres, Sophie GAGNON-ROBERGE propose de recourir à une petite grille de sélection à compléter tout au long de l'activité. Cet outil pourrait par exemple ressembler à ceci :
Source : grille conçue au départ du modèle proposé par Sophie GAGNON-ROBERGE
Les quatre premières colonnes de la grille permettent d'identifier les ouvrages retenus et d'expliciter les raisons de la sélection au départ d'éléments concrets : quels sont les éléments qui m'ont interpelé(e)/attiré(e) et qui ont orienté mon choix ? Elles visent ainsi à se questionner sur la manière dont on choisit un livre. Les deux dernières colonnes permettent, quant à elles, de donner suite à cette phase de sélection. Elles seront complétées ultérieurement. L'élève a-t-il lu le livre sélectionné ? L'a-t-il apprécié ? La promesse du livre a-t-elle été tenue ? Celui-ci était-il à la hauteur des attentes du lecteur ?
Une autre activité qui pourrait être menée en bibliothèque de manière à amener les élèves à manipuler des livres est la réalisation d'un haïku littéraire. Cette activité qui s'inspire du travail du poète Carle COPPENS fait également écho aux « titreries » de Laurent d'URSEL auxquelles Jean KATTUS a consacré un article8. Il s'agit d'inviter les élèves à fouiller dans les rayonnages de la bibliothèque de manière à composer, à l'aide de titres de livres, un court poème. On peut bien entendu varier ou multiplier les contraintes.
© Carle COPPENS
Selon Sophie GAGNON-ROBERGE, cette activité peut avoir des conséquences très positives. Ainsi, en la testant avec l'une de ses classes, elle a constaté que les élèves étaient véritablement preneurs, qu'ils sortaient des étagères de la bibliothèque des livres qu'ils n'auraient jamais découverts autrement et que certains ne se contentaient pas de consulter le titre, mais s'intéressaient aussi au résumé, ce qui les a parfois amenés à repartir avec des projets de lecture.
D'autres activités qui poursuivent le même type d'objectifs sont proposées, notamment une chasse au trésor au sein de la bibliothèque amenant les élèves à manipuler différents livres. Je vous invite à parcourir l'ouvrage de Sophie GAGNON-ROBERGE pour les découvrir.
2. La passion : à la rencontre de différents lecteurs
- L'enseignant de français, un modèle inspirant
Pour devenir de vrais lecteurs, les élèves ont besoin de modèles. S'il existe dans la classe toutes sortes de profils de lecteur, il y en a au moins un qui peut, de manière relativement consensuelle, être considéré comme un modèle à part entière : l'enseignant. Pour cela, ce dernier ne peut se contenter de parler de livres. C'est en se montrant livre à la main ou plongé dans un ouvrage qu'il constituera « un modèle fort »9.
Sophie GAGNON-ROBERGE invite les enseignants à lire devant leurs élèves lors des temps de lecture autonome, à ne pas hésiter à laisser trainer sur un coin du bureau une lecture en cours (cela pourra engendrer une discussion au sein de la classe), voire à afficher clairement leur gout pour la lecture via un panneau accroché dans la classe ou sur la porte de celle-ci. Ce panneau pourrait répertorier les lectures récentes, les lectures en cours et les projets de lecture de l'enseignant. Ainsi, il permettrait aux élèves de prendre conscience que l'enseignant est lui aussi un lecteur. Ce support pourrait également susciter des échanges autour des livres et, qui sait, donner envie aux apprenants de se plonger dans l'un ou l'autre livre épinglé par le professeur. C'est pourquoi il est conseillé de privilégier les albums et les romans accessibles aux élèves. On pourrait imaginer, dans un second temps, amener ces derniers à créer eux aussi leur « agenda » de lectures.
En ce qui concerne l'élaboration du panneau, l'idéal est bien sûr de privilégier le visuel (utiliser des photos en couleur des couvertures des livres) pour attirer le regard, susciter la curiosité et favoriser l'émergence d'hypothèses : De quel sujet traite ce livre ?, À quel genre appartient-il ? À l'aide de morceaux de velcro, l'enseignant pourrait déplacer les couvertures des livres selon l'avancement des lectures.
En tant que lecteur confirmé ou expert, le professeur de français peut faire profiter les élèves de ses lectures personnelles, mais il peut aussi les guider, les conseiller plus concrètement dans leurs propres choix. Il pourrait par exemple, à la suite d'une lecture réalisée en classe, proposer à ceux qui le souhaitent des lectures associées ou des prolongements. Sophie GAGNON-ROBERGE, qui a bien compris que le visuel et les techniques publicitaires sont d'indiscutables alliés, suggère l'élaboration d'affiches de ce genre :
Source : http://sophielit.ca
- Proposer des modèles variés
Le professeur de français est un bon lecteur et il aime lire. Cela semble assez logique aux yeux des élèves, à tel point que, malgré tous ses efforts, ils ne le considèrent pas forcément comme un modèle marquant. Dès lors, Sophie GAGNON-ROBERGE conseille aux enseignants de multiplier et de diversifier les modèles en sollicitant par exemple des collègues d'autres disciplines. Ceux-ci pourraient intervenir quelques minutes en classe de français pour faire part aux élèves de leurs gouts littéraires et échanger avec eux autour d'une lecture en particulier. Ce moment, par son caractère exceptionnel, pourrait marquer les élèves, qui prendraient par exemple conscience que le professeur de mathématiques lit lui aussi et trouve du plaisir dans la lecture.
Par ailleurs, certaines personnalités célèbres n'hésitent pas à faire la promotion de la lecture ou à évoquer, dans le cadre d'interviews, un livre qui les a marquées. Confronter les élèves à des discours de ce type peut constituer un levier motivationnel intéressant.
Et si on allait encore plus loin en invitant un écrivain en classe ? La rencontre avec un auteur constitue un bel aboutissement, elle donne du sens à un projet de lecture et a donc des chances de motiver les élèves : ils pourront notamment questionner l'écrivain sur les choix qu'il a posés en tant qu'auteur et l'éclairer sur leur réception (Ont-ils aimé l'œuvre lue ?, Pourquoi ?, etc.)10.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, le Service général des Lettres et du Livre offre un soutien financier important pour l'organisation d'évènements de ce type11. Par ailleurs, puisque le Pacte pour un enseignement d'excellence met un point d'honneur à tisser des liens entre les sphères culturelle et scolaire12, on peut, me semble-t-il, imaginer (ou du moins espérer) que les services d'aide et les subsides se renforcent et se multiplient dans les années à venir.
- S'appuyer sur les discours des pairs
Comme le souligne Sophie GAGNON-ROBERGE, « laisser de la place aux témoignages d'élèves est [...] doublement utile, puisque cela permet à l'orateur de partager son expérience et aux spectateurs d'être touchés par cet amour de la lecture »13. En effet, les adolescents se fient beaucoup aux propos de leurs pairs. Lorsqu'ils choisissent un livre, c'est la plupart du temps parce qu'ils en ont entendu parler.
Dans cette optique, des activités telles que les pauses publicitaires littéraires peuvent être proposées aux élèves. Après avoir travaillé le genre et les techniques publicitaires en classe, il peut être intéressant d'amener les apprenants à réinvestir les savoirs et savoir-faire dans des productions de promotion de romans. Le dispositif des pauses publicitaires littéraires consiste à consacrer régulièrement quelques minutes à de courtes présentations (30-45 secondes) réalisées par les élèves sur la dernière lecture qu'ils ont effectuée ou sur un livre qui les a marqués, positivement ou non (dans ce second cas, il s'agira non pas de faire la promotion du livre dont il est question mais de convaincre la classe de ses défauts). Ritualisé, ce dispositif permet non seulement de donner une place de choix aux livres et de favoriser les échanges sur ceux-ci, mais aussi d'exercer par petites doses les compétences orales.
3. Le quotidien : un peu de lecture tous les jours
- Vers une lecture autonome
Le troisième axe abordé par Sophie GAGNON-ROBERGE est le quotidien, c'est-à -dire la mise en place d'activités régulières autour des livres et de la lecture. Il s'agit de saisir et de provoquer les occasions de mettre les livres en valeur au sein de la classe.
S'appuyant sur les recherches menées par ALLINGTON14 au sujet de l'importance du temps de la lecture (que soulignent également GUTHRIE et WIGFIELD), la première suggestion de l'auteure est d'instaurer quotidiennement ou du moins régulièrement des temps de lecture autonome, comme cela se fait déjà dans de nombreuses écoles, en Belgique ou à l'étranger, via la mise en place du « quart d'heure de lecture »15.
Afin d'accompagner les jeunes lecteurs lors de ces temps de lecture autonome, le « journal de lecture » constitue un outil intéressant. Il vise à garder la trace des lectures quotidiennes et aide ainsi les élèves à ne pas perdre le fil. Dans sa forme la plus simple, ce journal pourrait ressembler au tableau proposé ci-dessous. Dans la colonne « Pages », l'élève indique le numéro des pages lues durant le temps de lecture ; dans la dernière colonne, il résume en quelques mots les éléments de l'intrigue. Ces indications, utiles pour l'enseignant qui souhaite s'assurer que l'élève progresse dans sa lecture, le sont aussi pour le lecteur lui-même. D'une part, elles lui permettent de se rafraichir la mémoire au moment de reprendre la lecture. D'autre part, elles l'obligent à faire régulièrement le point sur sa compréhension du texte.
On pourrait donner à ce journal de lecture une forme plus évoluée, en faisant par exemple davantage de place à la sensibilité esthétique et au sujet lecteur lui-même. Pour ce faire, l'enseignant pourrait, dans un premier temps, ajouter une colonne au tableau dans laquelle l'élève serait invité à exprimer son avis sur le texte et à identifier les éléments qui provoquent son plaisir ou son déplaisir. L'objectif serait de développer chez les apprenants une conscience esthétique et une autonomie critique, comme le préconise Sylviane AHR16.
- Une variété d'approches pour mettre les livres à l'honneur
Outre les temps de lecture quotidiens, Sophie GAGNON-ROBERGE souhaite inciter les enseignants à parler de livres tous les jours. Pour ce faire, elle recommande de varier les pratiques et propose plusieurs pistes allant du résumé traditionnel pris en charge par l'enseignant jusqu'à la participation à un jury littéraire, en passant par la lecture d'articles parus dans des revues littéraires et l'écoute de livres audio.
En conclusion
Il y a encore beaucoup de choses à dire de l'ouvrage de Sophie GAGNON-ROBERGE. Propager le plaisir de lire chez les élèves constitue un recueil d'activités17 et d'astuces dans lequel tout enseignant qui souhaite permettre aux bons lecteurs de cultiver le plaisir de lire et à ceux qui ne le connaissent pas/plus d'en (re)faire l'expérience pourra puiser des idées. Rendons à la lecture la place qu'elle mérite en saisissant « toutes les occasions qui s'offrent à nous pour créer des lecteurs indépendants, c'est-à -dire des jeunes qui liront sans obligation »18 et avec plaisir.
Anne-Catherine WERNER
1. DEVEL Edith (janvier 2016). « PIRLS 2016 : et après ? » dans Entrées libres, n°125 et LAFONTAINE Dominique (directrice scientifique) et al. (aout 2018). PIRLS 2016. Rapport final. Liège : Université de Liège.
2. LAFONTAINE Dominique (directrice scientifique) et al. (décembre 2017). « Les compétences des jeunes de 15 ans en sciences, en mathématiques et en lecture. Résultats de l'enquête PISA 2015 en Fédération Wallonie-Bruxelles » dans Les cahiers des Sciences de l'Éducation, n° 37.
3. PENNAC Daniel (1992). Comme un roman. Paris: Gallimard, Folio, p. 13.
4. GUTHRIE John T. et WIGFIELD Allan (2018). « Literacy engagement and motivation : rationale, research, teaching and assessement » dans D. Lapp et D. Fisher (Éds.), Handbook of Research on Teaching the English Language Arts. New-York : Routledge, p. 57-84.
6. GAGNON-ROBERGE Sophie (2016). Propager le plaisir de lire chez les élèves. Montréal : Chenelière Éducation.
7. KELLEY Michelle J. et CLAUSEN-GRACE Nicki (2010). « Using a text feature walk to purposefully guide students through expository text » dans The Reading Teacher, n°64 (3), p. 191-195.
8. https://dupala.be/article.php?...
9. GAGNON-ROBERGE (2016), p. 15.
10. Pour des idées d'activités à organiser lors de la rencontre avec un écrivain, voir notamment https://dupala.be/article.php?...
11. http://www.promotiondeslettres...
12. Voir notamment Groupe central du Pacte pour un enseignement d'excellence. (7 mars 2017). Avis n°3. Bruxelles : Fédération Wallonie-Bruxelles, p. 101-109 (Axe 1 - O.S. 1.7) et Coupole Alliance Culture-École (janvier 2017). Bouger les lignes.
13. GAGNON-ROBERGE (2016), p. 18.
14. ALLINGTON Richard L. (2013). « What really matters when working with struggling readers » dans The Reading Teacher, n°66 (7), p. 520-530.
15. Pour en savoir plus, voir par exemple https://www.rtbf.be/auvio/deta... et https://www.dailymotion.com/vi...
16. AHR Sylviane (dir.) (2013). Vers un enseignement de la lecture littéraire au lycée. Expérimentations et réflexions. Grenoble: Scérén-CRDP.
17. En vue de rendre ces activités concrètes, plusieurs fiches reproductibles sont proposées à la fin de l'ouvrage Propager le plaisir de lire chez les élèves.
18. GAGNON-ROBERGE (2016), p. 1.