Réécritures « sensibles » des textes du passé. Au-delà de la polémique, une opportunité à exploiter au cours de français

Les réécritures, par les éditeurs anglosaxons des œuvres d'Agatha Christie, Ian Fleming et Roald Dahl ont suscité, à juste titre, la polémique. Mais le cours de français n'est-il pas le lieu idéal pour en débattre, évaluer les conséquences et la portée de ces relectures et se réapproprier la langue ?


C'est la polémique littéraire du moment : les nouvelles rééditions des textes d' Agatha Christie, Ian Fleming (auteur de James Bond) et Roald Dahl (le seul d'entre eux dont le public-cible soit directement la jeunesse) ont été expurgées de certains termes, voire passages plus longs, qui pourraient être perçus comme offensants par certaines communautés. En ligne de mire : « ce qui peut être perçu comme raciste, homophobe, misogyne, humiliant envers certaines catégories de personnes ».1 De même, on a traqué les stéréotypes (notamment de genre).

Pour James Bond, ce sont les extraits machistes qui ont été supprimés ou bien nuancés grâce à un avertissement qui précise que les mœurs et idées de l'époque peuvent être considérées comme offensants aujourd'hui. Agatha Christie et son Hercule Poirot voient quelques-uns de leurs propos, qui sont identifiés comme racistes ou stigmatisants pour certaines populations, effacés (les dents bien blanches d'un employé d'hôtel antillais ne sont plus mentionnées, de même qu'un personnage n'est plus « juif, bien sûr »)2. Pour ce qui est de Roald Dahl, et nous y reviendrons, ce sont les extraits relatifs à l'apparence des personnages qui ont été remaniés.

Cette levée de bouclier par le monde de l'édition francophone et internationale est évidemment salutaire et encourageante, pour dénoncer les dérives de la cancel culture qui gagne sans cesse du terrain. Nombreux sont les auteurs, éditeurs et même personnalités publiques (Camilla, la Reine Consort, a par exemple défendu l'auteur de Charlie et la Chocolaterie) qui se sont exprimés pour dénoncer le recours à des sensivity readers, dont le travail aurait mené à cette forme de censure qui ne dit pas son nom. L'œuvre littéraire relève de la propriété intellectuelle et artistique et est en cela intouchable et inaltérable, dans le respect de la loi et du vivre ensemble. Elle doit pouvoir être contestée voire critiquée, mais cela implique qu'elle voie le jour et existe, telle qu'elle a été pensée par son auteur. 

Lecteur sensible ou lecteur censeur ?3

Il peut être intéressant de se pencher sur cette nouvelle figure du relecteur, qui semble déjà bien implantée dans le monde de l'édition anglosaxonne et commence à apparaitre chez nous. 

Les sensivity readers sont des personnes chargées de la relecture d’un manuscrit pour l’expurger de tous propos sexistes, racistes ou homophobes et, plus largement, qui militent pour une meilleure représentation de la diversité. Ces personnes peuvent être sollicitées par les auteurs eux-mêmes, soucieux de ces questions et de ne pas heurter certaines minorités, ou bien par les éditeurs qui souhaitent faire passer les textes qu’ils publient par ce filtre. D'aucuns les considèrent comme des censeurs, imposant aux auteurs des diktats et réfrénant la liberté de créer. Ils ont été particulièrement visés par les détracteurs de la démarche de réécriture décrite plus haut. 

De leur côté, les personnes qui exercent ce métier se défendent en se présentant comme des relecteurs de texte, spécialisés dans certaines questions ou thématiques. Pour eux,4 il s’agit de la même démarche que celle qui relève du travail d’information indispensable dont doit s’acquitter tout auteur qui souhaite écrire sur un sujet qu’il ne maitrise pas particulièrement. Si je veux faire mourir mon personnage de maladie, je m’adresse à un représentant du corps médical ou j’utilise des sources informées pour ne pas commettre d’erreur grossière et risquer de déforcer mon récit. Ils associent la démarche à celle des auteurs de romans historiques, qui doivent immanquablement faire des recherches approfondies sur l’époque dans laquelle ils font évoluer leurs récit et personnages, de manière à éviter les anachronismes qui entacheraient terriblement la crédibilité de leurs œuvres. 

On peut toutefois se demander si consulter un musicien pour écrire un roman sur un meurtre survenu pendant un opéra à la Scala de Milan relève de la même démarche que de convoquer un sensivity reader pour expurger le même roman d’éventuels propos pouvant être perçus comme offensants ... Par ailleurs, ces lecteurs sensibles (la traduction française étant pour le moins malheureuse) sont toujours des militants actifs dans leurs domaines de spécialisation. La question d'une forme d'objectivité peut donc être légitimement posée à leur endroit, notamment parce que la spécialisation qu'ils revendiquent ne repose parfois que sur leur appartenance à la minorité en question et les expériences vécues qui en découlent. Le risque est alors de ne considérer (et la cancel culture repointe le bout de son nez) que ne sont légitimes et aptes à s'exprimer sur ces questions que les personnes appartenant à ces minorités, ce qui est tout simplement le contraire de la création artistique. Toutefois, dans le monde de l'édition francophone à tout le moins, le travail de ces relecteurs se limite à une forme de consultance, les auteurs et autrices restant libres de suivre leurs indications ou non.




« Il faut protéger la jeunesse »  

S'agissant de la littérature jeunesse, les arguments en faveur d'une réécriture de certains passages semblent, pour leurs défenseurs, d'autant plus légitimés. Il serait du devoir des acteurs du monde du livre et de sa diffusion (éditeurs, auteurs, profs, bibliothécaires, etc.) de protéger la jeunesse en ne l'exposant pas à la violence du monde et à ses nombreuses contradictions, en lui cachant son histoire, l'évolution des modes de pensée, le dépeignant comme un système simple et linéaire, en rupture avec la réalité. 

C'est pourtant tout le contraire qu'il faut faire ! La littérature, y compris (et peut-être surtout) pour la jeunesse doit être présentée comme miroir du monde (ce qui n'exclut bien sûr pas la fiction), comme une manière de l'appréhender dans toute sa complexité. Affadir la littérature, c'est affadir les liens qu'elle entretient avec la réalité et avec la vie. C'est lui ôter toute force. La lecture, au-delà de son pouvoir imaginaire qui permet l'évasion, offre à l'être humain d'observer et de reconnaitre des situations, des sentiments, des épreuves vécues par des personnages de papier, qui font échos à ses propres expériences. Elle lui donne l'occasion de qualifier et de donner du sens à sa vie, en appréhendant mieux la réalité qui l'entoure. Censurer la créativité des auteurs et autrices (ne serait-ce qu'en limitant les mots et tournures qu'ils peuvent utiliser), c'est limiter leur capacité à nous aider à mieux lire le monde, à nous confronter à la vie. Et ceci est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'un public d'adolescents. 

Les professeurs savent bien à quoi ils s'exposent s'ils contraignent leurs élèves à des lectures mièvres, lisses ou trop éloignées de leur réalité. Les conséquences négatives sont immédiates et souvent pérennes : les jeunes se détournent d'un récit qui les déçoit, qui leur demande un effort sans leur apporter en contrepartie la satisfaction de pouvoir s'y identifier, de ressentir des émotions. 

Édulcorer des récits du passé au prétexte qu'ils sont destinés à des enfants ou des jeunes dont ils pourraient heurter la sensibilité n'est donc pas, à mon sens, une bonne solution, même s'il n'est évidemment pas question d'approuver la présence de propos irrespectueux et discriminants présents dans des textes qui, souvent, appartiennent au passé. C'est là que l'enseignant de français doit jouer son rôle, crucial, d'accompagnant de ses élèves dans leurs lectures. Il nous revient en effet de contextualiser le récit, en éclairant le cadre socio-historique qui l'a vu naitre, la personnalité de l'auteur ou de  l'autrice, mais aussi d'accueillir et de répondre aux interrogations légitimes qui naitront chez le jeune lecteur attentif et critique. Dans un second temps, l'enseignant apprendra à ses élèves plus âgés comment développer cette démarche de contextualisation critique en autonomie.

Les adolescents peuvent être, et c'est heureux, précisément très sensibles à ces questions qui touchent à l'identité (en général et de genre en particulier), aux préférences sexuelles, au racisme, à l'apparence, etc. En tant que citoyens de demain, ils sont un public privilégié pour aborder ces thèmes. Saisissons donc l'opportunité qui nous est offerte pour ouvrir ce débat avec eux, en y introduisant de la nuance (indispensable à tout débat démocratique et serein), de (très) bonnes lectures à l'appuis.

Une telle exploitation dans les classes pourrait s'articuler autour de deux axes, selon l'âge des élèves et les lectures envisagées : le premier, pour les plus âgés, proposerait une analyse d'extraits d'une œuvre touchant à l'une ou l'autre de ces questions (n°1), le deuxième, destiné aux plus jeunes, irait davantage vers une production impliquant un maniement de la langue pour comprendre et mesurer la portée des mots et de leur utilisation (n°2).



Exploitations en classe

1) Autre temps autres mœurs, lecture d'une nouvelle de Maupassant5

La nouvelle Un fils, de Maupassant, s’ouvre sur un récit-cadre dans lequel deux notables replets et pleins de suffisance (« graves tous deux, pleins de raisonnements très logiques mais solennels, gens de marque et de réputation », p. 135) échangent sur leurs conquêtes féminines passées. Le ton utilisé est totalement misogyne, l’un (narrateur-personnage du récit qui va suivre) se vantant d’avoir connu « de dix-huit à quarante ans, en faisant entrer en ligne les rencontres passagères, les contacts d’une heure, on peut bien admettre que nous avons eu des… rapports intimes avec deux ou trois cents femmes ».

Il poursuit en racontant ce qu’il faut bien appeler le viol d’une servante (même si la pauvrette n’a pas l’air de lui en vouloir excessivement par la suite) lors d’une étape de voyage, un incident qu’il commente de la sorte : « Huit jours après, j’avais oublié cette aventure commune et fréquente quand on voyage, les servantes d’auberges étant généralement destinées à distraire ainsi les voyageurs » (p. 140-141). Voilà qui n’est pas très #Metoo...

L’ensemble de la nouvelle porte cependant sur le récit du remords qui ronge cet individu depuis cet épisode. Non pas qu’il regrette et éprouve un quelconque sentiment de culpabilité pour le sort qui frappa la jeune femme (morte en couches peu de temps après), mais bien pour les conséquences de son acte, puisqu’il avait donné naissance à un orphelin boiteux devenu valet d’écurie faute de famille et qui, une fois adulte, fait l’objet de l’une de ces descriptions terribles et implacables dont Maupassant a le secret : « il était déguenillé, hideusement sale, avec de longs cheveux jaunes tellement mêlés qu’ils lui tombaient comme des cordes sur les joues ». Physiquement repoussant, le pauvre bougre n’a guère d’esprit non plus : « il se tenait d’un air idiot devant moi, roulant son chapeau dans ses pattes noueuses et dégoutantes, riant stupidement … » (p. 143).  

On conviendra qu’un tel discours sur les femmes (et les personnes porteuses de déficiences) peut choquer aujourd’hui. Il faudra donc veiller à remettre cette lecture dans le contexte de la société bourgeoise française du XIXe siècle, dont elle permettra d'illustrer les spécificités. En outre, d'un point de vue narratologique, elle est parfaite pour sensibiliser les jeunes lecteurs aux différents points de vue qui peuvent intervenir dans un récit : le narrateur personnage se sent coupable (mais surtout honteux) d’avoir engendré une créature aussi repoussante ; tandis que le narrateur omniscient du récit-cadre nous donne à voir ces deux personnages suffisants qui dressent le bilan d’une vie humainement peu reluisante mais respectable, tout en n’émettant pas de réel jugement sur celle-ci, à part quelques incises caustiques laissant entendre le peu de cas qu’il en fait. Une belle illustration des moyens dont dispose un auteur pour exposer la complexité d'une situation et les différents angles par lesquels elle peut être abordée. C’est sans doute ce qui fait toute la modernité de ce récit et qui fascine et touche encore le lecteur d’aujourd’hui. 



2) Obélix n'est pas gros, juste un peu enveloppé. Qu'en est-il d'Augustus Bloop ? 

Le génial auteur britannique pour la jeunesse, Roald Dahl, a lui aussi fait les frais de cette vague de réécritures, puisque dans la réédition de ses œuvres, des termes «  liés au poids, à la santé mentale, à la violence, au genre et à l’ethnie ont été supprimés et reformulés, en faisant appel à l’agence spécialisée Inclusive Minds, qui propose aux professionnels de l’édition un regard attentif pour déceler des représentations problématiques ou erronées »6. Cette initiative ayant provoqué un tollé, les éditeurs ont dû faire marche-arrière et publieront désormais les deux versions conjointement. Pour les rééditions dans d'autres langues, les textes conservent leur version originale. 

Dans la version anglaise de Charlie et la chocolaterie, le « lissage » a porté notamment sur les termes et expressions dénigrant l'apparence des personnages. Augustus Gloop, l'un des enfants invité, comme Charlie, à visiter la chocolaterie de Willy Wonka, n'est désormais plus que « énorme » au lieu d'être « énormément gras ». Dans la version française,7 Augustus est effectivement dépeint de manière très peu flatteuse : « un garçon de neuf ans, si gros et si gras qu'il avait l'air gonflé par une pompe extrapuissante. Tout flasque et tout en bourrelets de graisse. Avec une figure comme une monstrueuse boule de pâte, et des yeux perçants comme des raisins secs, scrutant le monde avec malveillance » (p. 37). 

L'enseignant qui aurait dans sa classe un garçon en surpoids peut évidemment craindre qu'à la suite de cette lecture, l'infortuné se voie très vite affublé du surnom d'Augustus (ou de Bloop). Une analyse de l'œuvre avec les élèves peut alors aider à sortir d'une lecture littérale qui porte à la stigmatisation. La discussion suite à la lecture devra mettre en évidence que les personnages des quatre enfants choisis pour visiter la chocolaterie Wonka sont volontairement caricaturés pour dépeindre les vices et les défauts que Dahl veut dénoncer chez les enfants de son époque : Augustus mange trop de sucreries, Veruca est insupportable car hyper-gâtée, Violette mâche du chewing-gum à longueur de journée et Mike regarde beaucoup trop la télévision. Chacun a sa manière sera d'ailleurs sanctionné (pour ne pas dire puni) lors de la visite de la chocolaterie. Ils forment une sorte de contrepoint à Charlie, le héros, qui est un enfant gentil, humble, physiquement fluet (car il ne mange pas à sa faim). Pour nuancer son message, Dahl écrit lui-même que tous les enfants ne sont pas comme cela, en faisant dire au père de Charlie : « Il y en a, c'est vrai. Il y en a même beaucoup, mais pas tous » (p. 54).

Ces prémices et nuances apportées, voici une belle occasion de profiter de la créativité linguistique de Roald Dahl (qui agrémente son récit de chansons sur chacun des personnages) afin de faire jouer les élèves avec la langue. À la manière d'un exercice de style à la Queneau, ils se mettront dans la peau d'un sensivity reader chargé d'atténuer les termes choisis par l'auteur, un peu à l'image d'Obélix qui, c'est bien connu, « n'est pas gros, juste un peu enveloppé ». 




Voici un exemple de transformation auquel les élèves pourraient arriver (en travaillant à plusieurs et en ayant recours à des dictionnaires des synonymes).

Consigne : 
Voici la chanson que les Oompa-Loompas (les hommes de main de Willy Wonka) interprètent au moment où le pauvre Augustus est absorbé par le tuyau de la machine à chocolat. Ceux-ci se moquent de lui car il est coincé à cause de son embonpoint. Ils lui prédisent qu’il va finir en nougatine !
Tu es un(e) sensivity reader qui a pour mission de changer/atténuer les propos stigmatisants qui concernent l’apparence. Souligne ces termes dans le texte original et transforme-les. Tu relèveras ensuite les nuances/modifications de sens que ces changements induisent dans l’histoire.



NB : les paroles de la vidéo sont différentes de celles du livre, mais peuvent faire l'objet du même type d'exercices. Au cas où vous ne résisteriez pas à montrer ce chef-d'œuvre de Tim Burton à vos élèves...

Cette activité revêt deux objectifs : approfondir la recherche du sens en travaillant le vocabulaire et percevoir les changements qu'une telle modification implique sur le sens de l'histoire. En effet, il apparait clairement que le traitement du personnage (qui ne bénéficie d'aucune circonstance atténuante chez Dahl) s'en trouve édulcoré. Si de telles transformations devaient être appliquées à tout le texte, le sens en serait profondément modifié. Avec les élèves, il serait alors bon de réfléchir sur les conséquences d'une telle démarche : l'œuvre resterait-elle crédible ? Et par ailleurs, ces changements suffiraient-ils à lever le malaise ressenti par certains lecteurs qui se sentiraient moqués ? 

3) Une dernière pour la route 

Il semble également que la censure soit particulièrement attentive aux termes qui relèvent de la santé mentale. En conséquence, la nouvelle édition anglaise a probablement dû s’attaquer à l’extrait suivant (p. 119), où les parents des enfants s'en prennent à Willy Wonka :

  • Il a l’esprit dérangé !
  • Il est fou !
  • Il est cinglé !
  • Il est sonné !
  • Il est cintré !
  • Il est marteau !
  • Il est piqué !
  • Il est tapé !
  • Il est timbré !
  • Il est toc-toc !
  • Il est maboul !
  • Il est dingue !
  • Il est cinoque !

Un liste de vocabulaire sur laquelle s’arrêter avec les élèves pour leur montrer à quel point la langue française est riche pour exposer une situation simple, celle d’un personnage qui aurait perdu la tête (pour le dire encore autrement). 

On commencera par s’assurer que toutes les locutions sont comprises et par demander aux élèves quelles sont celles qu'ils utilisent. Il pourrait aussi être pertinent de les faire classer en fonction du registre de langue auquel elles appartiennent.

Pour terminer l'activité, les élèves seront invités à s’approprier davantage ce passage en y ajoutant les expressions qu’eux-mêmes emploieraient pour décrire une situation similaire. 

En voici quelques exemples : 

il est … 

- écervelé, fada, perché, fêlé, halluciné, toqué                                                                        registre soutenu

- sot, dinguo, frappé, taré, givré, détraqué, ouf, barje/barjo, insensé, zinzin                           registre familier

- il a perdu la tête, il délire, il n’a pas toutes ses frites...                                                           locutions

 

Conclusion

Il n'est pas étonnant que ces questions épineuses de réécritures suscitent la polémique car elles mettent en tension, d'une part, la propriété intellectuelle et la liberté artistique et, d'autre part, le respect des minorités ou de certaines communautés qui pourraient se sentir lésées par des propos interprétables comme dénigrants à leur encontre.

Sans avoir l'ambition d'apporter une réponse définitive à ce débat, il me semblait important de lui accorder sa juste place au cours de français car il permet de faire comprendre aux jeunes que la langue est avant tout un moyen de transmission des idées et des opinions, quelles qu'elles soient, et surtout qu'il appartient à celui qui la manie de l'utiliser à bon escient, le plus précisément possible et en en maitrisant les nuances. Toute opinion peut évidemment être critiquée, éventuellement dénoncée si elle va à l'encontre de la loi ou bien du vivre ensemble, mais à la condition sine qua non, qu'elle soit énoncée clairement, sans être déformée. Pour cela, il est indispensable que son auteur maitrise le système linguistique et ses rouages qui permettent d'infinies nuances. Et le rôle du professeur de français est bien de les lui enseigner.

 



Amélie Hanus

 


1.  Van Troyen. J.-Cl. Littérature. Les contrôleurs de sensibilité, sensibles ou censeurs ? Le Soir. 31/03/23. En ligne : https://www.lesoir.be/504638/a... Parmi les nombreux articles, billets d'humeur et réactions parus en mars sur le sujet.

2.  Ne disposant pas de toutes les références précises des passages cités, je ne m'étendrai pas davantage sur ces questions.

3.  J’emprunte la formulation à https://actualitte.com/article/14235/archives/les-sensitivity-readers-nouvelle-censure-ou-gage-de-respect consulté le 2/04/23.

4.  Comme en témoigne Marjorie Ingall « Dernièrement, les intellectuels conservateurs ont exprimé leur horreur et indignation vis-à-vis de la notion de “sensitivity reader”, terme malheureux désignant des personnes comme moi qui lisent des manuscrits, à la demande de leur auteur, afin de s’assurer que celui-ci n’a pas écrit par inadvertance quelque chose de mal informé ou mal avisé » Ibid.

5.  Maupassant, G. (1998). Un fils. Contes de la Bécasse. 135-147. Le Livre de poche

6.  En ligne sur https://actualitte.com/article...https://actualitte.com/article... consulté le 5/04/23.

7.  Dahl, R. (2007). Charlie et la chocolaterie. Gallimard Jeunesse.

Auteur

Amélie Hanus

Maitre-assistante en français, didactique du français et du FLES, professeure d'italien. Intérêt particulier pour la littérature, la lecture, la musique (classique et jazz), l'organisation d'événements culturels, l'Italie, l'italien.

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