« Un monde » ou comment aborder la focalisation interne à l'aide d'un film

Une approche iconique de la subjectivité pour familiariser les élèves avec le point de vue narratif.


Présenté dans la catégorie « Un certain regard » au festival de Cannes 2021, Un monde, de Laura Wandel, a depuis été primé à plusieurs reprises et représentera même la Belgique aux Oscars1. Son succès se fonde sur son thème principal, le harcèlement scolaire, mais surtout sur son dispositif de réalisation immersif qui plonge le spectateur au cœur du monde de Nora. 



I. Un monde en classe

Fréquemment à la une de l’actualité, véritable fléau de l’école, le harcèlement trouvera naturellement sa place en citoyenneté. Dans le cadre du cours de français, c’est l’approche subjective de l’histoire qui retiendra notre attention : quels procédés la réalisatrice utilise-t-elle pour mettre le spectateur dans la peau d’une petite fille de 6-7 ans ? L’exploitation du film en classe, dans l’analyse de ses moyens et de ses effets, pourrait ainsi servir d’introduction à la focalisation interne et plus largement, au point de vue narratif.

Et puis, étudier Un monde, n’est-ce pas une belle occasion d’inviter le cinéma national en classe et partant, de développer cette culture francophone belge qui ne trouve sa place qu’au 3e cycle de l’enseignement secondaire ?




II. Avant le film 

Cette étape a pour but d'une part, de formuler des hypothèses afin de faciliter la compréhension du film et d'autre part, de relever des indices qui permettront aux élèves de mieux appréhender les procédés de réalisation mis en œuvre pour produire l'effet immersif. 


1. L'affiche : formuler des hypothèses

Voici une série d'exemples de questions pour une première approche de Un monde avec le type de réponses attendues. 

  • Décrivez les personnages présents sur l'affiche. Quelle relation semblent-ils entretenir ? Quels sentiments semblent-ils éprouver ? 

L'essentiel est que les élèves identifient des enfants dont l'accolade témoigne d'une relation forte. Si l'image ne suffit pas, on attirera leur attention sur la critique d'Hugues Dayez présente sur l'affiche. Les hypothèses sur leur genre et la nature de leurs sentiments seront vérifiées plus tard. 

  • Selon vous, qui est le personnage principal ? Sur quels éléments précis basez-vous votre réponse ? 

C'est l'occasion d'aborder la notion de gros plan, de champ et de hors-champ.
Le gros plan, isolant le haut des corps, « cadre de près les visages et permet de dévoiler les sentiments du personnage au spectateur»2. Quant au champ, c'est « la portion d'espace imaginaire qui est contenu à l'intérieur du cadre »3. Le hors champ est donc constitué par tout ce qui se trouve à l'extérieur du cadre, mais qui y est rattaché d'une manière ou d'une autre.
Le zoom sur Nora et le fait qu'elle dissimule le deuxième personnage, lequel est partiellement hors champ, devrait permettre de l'identifier comme personnage principal. 

  • Quelles informations l'affiche livre-t-elle sur l'univers du film ? Dès lors, comment le titre peut-il être interprété ?

L'article indéfini de Un monde laisse supposer qu'il s'agit d'un univers parmi d'autres. Étant donné les informations précédemment dégagées, trois hypothèses sont possibles : il s’agit du monde de l’enfance, des deux personnages (leur histoire, leur relation) ou du personnage principal. Dans tous les cas, la notion de subjectivité est déjà palpable: il s'agit d'appréhender une réalité par le biais d'un regard.


2. Le synopsis

« Nora entre en primaire lorsqu'elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l'incite à réagir, son besoin de s'intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d'enfant, dans le monde de l'école. » 4

  • Quelles hypothèses peut-on infirmer ou confirmer à la lecture du synopsis ?

Les personnages sont des enfants constituant une fratrie. Ils s'appellent Abel et Nora. Celle-ci est bien le personnage principal. Leur relation relève donc d'un amour fraternel teinté d'angoisse. En retournant à l'affiche après lecture du synopsis, ils semblent en effet s'accrocher l'un à l'autre, comme prisonniers de leur terrible secret.
Bien que le synopsis fasse mention du monde de l'école, la place prépondérante de Nora et d'Abel autorise à conserver les hypothèses selon lesquelles le titre renvoie à Nora ou à Nora et Abel. En revanche, l'idée d'un monde de l'enfance, trop générale, peut être écartée.
S’ils ne relèvent pas ce passage spontanément, on attirera l’attention des élèves sur Une plongée immersive, à hauteur d’enfant. Que signifie immersive ? Et à hauteur d’enfant ? Les réponses seront mises en parallèle avec le zoom sur Nora et le titre pour appuyer l’impression de subjectivité déjà évoquée. C'est d'ailleurs à la manifestation de cette subjectivité que les élèves seront priés d'être vigilants lors du visionnage de la bande-annonce. 


3. La bande-annonce


  • Des éléments de la bande-annonce soutiennent-ils une des hypothèses formulées quant à l'interprétation du titre ? 

De manière évidente, l'action se déroule à l'école. L'interprétation du titre comme une référence à ce microcosme est donc tout à fait acceptable. Néanmoins, elle mérite d'être affinée : la bande-annonce fait état d'un monde d'où les adultes seraient exclus. Trois bribes de scènes en témoignent : un élève de primaire défiant une enseignante qui veut intervenir pour aider Abel (« de quoi je me mêle »), Nora murmurant « quand on aide, ça empire » et le père qui, même s'il propose son aide à Nora, reste coincé derrière la grille séparant l'école du monde extérieur.
Par ailleurs, même si le duo frère-soeur apparait régulièrement, les gros plans sont réservés à Nora, à son visage dépeignant la préoccupation, la peur, l’angoisse. Un monde renverrait donc plus probablement à l’univers de Nora qu’à celui des deux enfants. Le titre pourrait ainsi être interprété comme l'arène de l'école vue par Nora. 

  • De quels moyens la réalisatrice a-t-elle usé pour donner l'impression d'une narration subjective ? 

Les élèves pourraient citer la fréquence des apparitions de Nora, les zooms sur son visage, les paroles qu’elle murmure, ressemblant à des pensées, le fait que la caméra se focalise sur elle, laissant les autres personnages flous ou hors-champ. Ces observations peuvent être notées et seront développées après avoir vu le film.



III. Pendant le film

Regarder un film, c’est avant tout se divertir, éprouver du plaisir. Il vaut donc mieux éviter de surcharger les élèves de questions. Néanmoins, en répartir quelques-unes par groupes et de manière ciblée s’avère efficace tant pour leur concentration sur certains moyens que pour l’analyse post-film.

Ainsi, on pourrait proposer à plusieurs élèves d’être attentifs à tout ou à une partie des points suivants :

1. Que voit-on dans la première et la dernière scène ? Quelles ressemblances et différences existe-t-il entre les deux ?
2. Comment Nora est-elle filmée ? Relevez une scène pour chaque procédé identifié.
3. Comment qualifier le son de la cour de récré ? Quel effet produit-il ?
4. Abel apparait-il toujours de la même manière à l’image ? Est-il toujours filmé de la même manière ? Relevez quelques scènes qui montrent une évolution du personnage.
5. Quel est le traitement réservé aux adultes en général ? Sont-ils très présents à l’image ? Illustrez avec une ou deux scènes.
6. Qu’en est-il du père de Nora et de Madame Agnès ? Relevez quelques scènes pour appuyer le propos.
7. De quelles informations dispose-t-on sur les autres enfants ? Sont-ils très présents ? Comment sont-ils filmés ? Certains se distinguent-ils des autres ? Illustrez avec quelques scènes.  



IV. Après le film

Après le film, les réponses aux questions seront mutualisées. Les procédés de mise en scène étant communs à l'ensemble du film, les élèves d'autres groupes pourront intervenir pour enrichir les observations. L'enseignant centralisera et classera les éléments recueillis et nourrira les échanges, au besoin, en établissant des parallèles avec ce qui a déjà été relevé ou en ajoutant des passages d'interviews pertinents de la réalisatrice.  


1. Que voit-on dans la première et la dernière scène ? Quelles ressemblances et différences existe-t-il entre les deux ?

Le film s’ouvre et se clôture sur Nora et Abel qui se serrent dans les bras. Mais alors qu’à la première image, Nora, en pleurs, a besoin d’être rassurée par un grand frère dont on va rapidement apprendre qu’il est harcelé, la dernière image montre une Nora qui retrouve un léger sourire. Cette évolution va de pair avec le frère devenu bourreau. Comme si la force retrouvée rassurait enfin la petite fille qui, depuis la rentrée, a compris qu’il fallait se montrer fort pour trouver sa place à l’école. Ces images font évidemment écho à l’affiche du film : frère et sœur enlacés, seuls au monde.
S’ils ne l’ont pas relevée spontanément, on attirera l’attention des élèves sur la scène qui suit le lynchage d’Abel dans les toilettes. Il s’agit, là aussi, d’une accolade puissante entre Nora et Abel. Au niveau narratif, ce moment correspond à un pivot : c'est la dernière manifestation d'amour avant que Nora s’éloigne de son frère. S'ensuivront des scènes où elle l'exclura, allant jusqu’à dire « c’est pas mon frère » lorsque ses camarades se moquent de lui, à le frapper en lui hurlant « je te déteste, c’est à cause de toi si je suis seule, je voudrais que tu sois mort » ou à se cacher les yeux lorsqu’il se fait gravement violenter par ses harceleurs.
Ces trois moments méritent donc d’être envisagés en termes de structure narrative : ils signifient l’évolution des personnages ainsi que la mutation de leur relation. Établir un parallèle avec les situations initiale et finale du schéma narratif serait aussi tout à fait pertinent.
Il est probable que certains élèves relèvent déjà des éléments d’image et de son. Si c’est le cas, on peut les noter tout en gardant leur approfondissement pour les groupes suivants.


2. Comment Nora est-elle filmée ? Relevez une scène pour chaque procédé identifié.

Comme cela a déjà été mentionné avec l'examen de l'affiche et de la bande-annonce, Nora est la plupart du temps filmée en gros plan, voire même en zoom sur son visage. Or, « Le gros plan possède une puissance de pénétration dans l'intimité mentale des personnages de cinéma. »5
La caméra suit aussi parfois Nora de dos. C’est alors un autre procédé d’immersion qui est mis en place : le spectateur voit ce que Nora voit.
Généralement, Nora apparait également en net tandis que son entourage est flou. C'est là une forme de premier plan qui sert l'angoisse du personnage puisque l'agglomération des autres en une unité indistincte renforce l'effet d'oppression.
Tous ces procédés concourent à établir une focalisation interne efficace. Si les élèves peinent à les identifier, on leur soumettra des passages d'interviews de Laura Wandel. 

Par exemple :
(...) Toute la mise en scène est basée sur la perception de Nora (...) La caméra reste à tout moment à hauteur d'enfant. Par conséquent, vous n'avez pratiquement aucune vue d'ensemble, aucune vue dégagée sur l'environnement. Cela enferme le personnage. Dans la première scène, en entrant dans la nouvelle école, on a l'impression que Nora est engloutie par le bâtiment.6


Ou encore celle-ci où la réalisatrice exprime son intention de montrer l'intensité avec laquelle les enfants vivent les choses :


3. Comment qualifier le son de la cour de récré ? Quel effet produit-il ?

La cour de récré est assourdissante : on entend les enfants crier, on perçoit les remarques blessantes que certains s’échangent ou leurs jeux parfois glauques, comme lorsqu’une enfant raconte que des élèves seraient enterrés au fond du bac à sable. Tout ceci amène un effet d’étourdissement, de nervosité et accentue le malaise de Nora puisque l’on capte cet enfer sonore tout en étant focalisé sur la petite fille. Ce brouhaha alterne parfois avec un silence non moins lourd puisqu’il appuie l'isolement de Nora.
Si les élèves éprouvent des difficultés à qualifier le son et à en dégager les effets ou si l’on souhaite nourrir leurs observations, on pourra là encore s’appuyer sur une interview de Laura Wandel. 

Par exemple :
Dès le départ, je savais que ce serait un film de hors champ. J'adore ça parce que j'ai l'impression que c'est là que tout se passe et surtout, cela donne une énorme place au spectateur. Comme je dirigeais souvent les comédiens au moment même, le son direct était très peu utilisable. Donc les deux monteurs-sons ont fait un travail gigantesque : ils sont allés reprendre des vrais sons dans des cours de récréation. C'est comme une partition sonore : chaque cri d'enfant est millimétré pour arriver à donner une tension à certains moments. Une cour d'école c'est assourdissant et cela participe à la violence. Je trouve en général que l'immersion, c'est le meilleur moyen pour que le spectateur soit aussi engagé au niveau du corps autant que de la tête.7


4. Abel apparait-il toujours de la même manière à l’image ? Est-il toujours filmé de la même manière ? Relevez quelques scènes qui montrent une évolution du personnage.

Pour répondre à ces questions, on peut diviser le film en deux « grosses » parties.
Tout d'abord, dans la première « moitié », Nora a besoin de son frère puis veut dénoncer la violence dont il est victime. Abel apparait alors souvent hors champ, comme un « plus grand », une figure rassurante et inaccessible, ou en net à l'avant ou l'arrière-plan.
Mais les rôles finissent par s'inverser. Après une énième scène de cruauté — cette fois ses harceleurs plongent la tête d’Abel dans les toilettes — c’est au tour d’Abel de venir se réfugier près de Nora. Quelques scènes montrent alors les deux enfants côte à côte, face caméra. Comme lorsqu’il rejoint sa sœur à table à la cantine, ou que le photographe les prend en photo ensemble. Mais cette présence pèse à Nora qui commence à s’intégrer. Parce qu’elle peine à supporter les remarques des autres et l’image désastreuse de son frère tout comme son absence de réaction, elle se détourne progressivement de lui.
Alors, Abel se voit de plus en plus relégué à l’arrière-plan. Il devient même flou ou disparait (presque) entièrement du cadre.
De manière générale, beaucoup de scènes sont pertinentes pour illustrer les réponses aux questions. C'est le cas ici aussi, mais deux d'entre elles méritent de retenir l'attention.
Lorsque Nora joue à 1,2,3, soleil avec ses copines, l'une d'elles lui propose d'inviter Abel, alors seul dans la cour. Nora refuse et se remet à jouer. Abel, à l'arrière-plan, devient alors de plus en plus flou au fur et à mesure qu'il se recroqueville sur lui-même, jusqu'à devenir méconnaissable.
La seconde est hybride et résume parfaitement la corrélation entre la disparition d’Abel de l’image et le rejet dont il est victime de la part de Nora. En effet, alors qu’il subit sa pire humiliation, roué de coups et enfermé dans une poubelle, il est net à l’image tant que Nora le regarde. Mais quand elle choisit de l’ignorer et replace le bandeau de colin-maillard sur ses yeux, il n’existe plus, la caméra préférant suivre la petite fille aveuglée. Il faudra attendre que les adultes s’aperçoivent de la gravité de la situation pour qu’Abel réintègre progressivement l’image.
S’ils n’établissent pas le lien d’eux-mêmes entre évolution de l’image et changement du regard de Nora sur son frère, il faudra amener les élèves  à le percevoir en leur faisant verbaliser les sentiments de Nora dans de telles scènes et le traitement iconique de son frère. Tout en insistant sur le fait qu’il est moins question de l’évolution d’Abel que de celle du point de vue de Nora.


5. Quel traitement est réservé aux adultes en général ? Sont-ils très présents à l’image ? Illustrez avec une ou deux scènes.

Les adultes sont peu présents à l’image… Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont absents de l’histoire !  Le film s’ouvre sur la rentrée de Nora, terrorisée. Elle agrippe Abel et son père tente de la rassurer. Cependant, on ne perçoit que la voix de ce dernier. Son visage fait de rares incursions, exclusivement lorsqu’il se met à hauteur de Nora pour lui parler. La petite fille s’en va ensuite avec une éducatrice dont on ne voit que les jambes, c’est-à-dire ce que Nora voit effectivement.
Ce procédé a ceci d’intéressant qu’il incarne une autre dimension de la focalisation interne : la limitation. En effet, se placer du point de vue d’un personnage, c’est avoir accès à toutes ses pensées, ses perceptions, ses ressentis, mais c’est aussi n’avoir accès qu’à eux.
Et si l’on se mettait dans la peau de l’éducatrice ? Comment décrirait-on cette scène ? Sans doute penserait-elle que Nora n’est qu’une énième enfant en larmes le jour de la rentrée et que tout finira par bien se passer, comme pour tout le monde. Le spectateur n’aurait par conséquent pas conscience de l’angoisse contre laquelle lutte Nora.

Pour mieux percevoir l'effet de cette limitation, on pourra se référer à ce morceau d'interview de Laura Wandel :

C'était pensé comme ça dès le départ, parce que j'avais envie que ce soit très immersif pour le spectateur, pour qu'il puisse se projeter, lui, en tant qu'enfant, dans cet univers de l'école. Je pense que c'était la meilleure manière de le faire : toujours rester sur son point de vue à elle et ne jamais voir les adultes, parce qu'en tant qu'enfant, on a une vision très limitée des choses. On s'est tous retrouvé un jour à retourner dans un lieu de notre enfance qui nous paraissait énorme, alors qu'en fait, c'est minuscule ! Je voulais replonger le spectateur dans cette vision limitée des choses.8


6. Qu’en est-il du père de Nora et de Madame Agnès ? Relevez quelques scènes pour appuyer le propos.

7. De quelles informations dispose-t-on sur les autres enfants ? Sont-ils très présents ? Comment sont-ils filmés ? Certains se distinguent-ils des autres ? Illustrez avec quelques scènes.  

Les deux dernières questions rejoignent la précédente.
Le père de Nora ainsi que son institutrice sont flous, coupés ou absents de l’image la plupart du temps. En revanche, dès que Nora établit une connexion avec eux, qu’elle ose se confier à son père et à Madame Agnès, ils deviennent de plus en plus nets. C’est le cas de la scène où son père propose son aide à Nora (cf. bande-annonce) ou qu’Agnès la pousse à lui dire ce qu’elle a vu.
Il en va de même pour les camarades de Nora. Deux d’entre elles prendront progressivement leur place à l’image au gré de l’évolution de leur relation avec Nora. Ainsi, quand Nora parvient à faire ses lacets seule sur les conseils de ses copines, Victoire, assise à ses côtés, devient nette. Quand Nora se trouve invitée à la prochaine fête d’anniversaire, on la voit de dos, à la piscine, tenant chacune de ses amies par la main. Toutes trois occupent alors la même place. En revanche, quand elles se disputeront, on n’entendra plus que leurs voix.
Le statut iconique des personnages modifié en fonction de la relation qu'ils entretiennent avec Nora constitue un procédé fort de la focalisation interne dans le film. 



V. Réinvestissement

Afin de glisser vers l'écrit, on pourrait demander aux élèves de choisir une scène du film et de la transposer à l'écrit. Pour ce faire, ils devraient s'attacher à verbaliser les pensées de Nora et ses sentiments ainsi que ses perceptions : que voit-elle? Qu'entend-elle? Ils seraient également soucieux de respecter la limitation du point de vue. Dans un deuxième temps, ils réécriraient la même scène en adoptant un point de vue différent : celui d'Abel, d'un adulte ou d'un autre enfant présent dans la scène. 



VI. Conclusion

Varier les supports de l'information, c'est s'assurer une adhésion plus massive des élèves. Alors, pourquoi pas avoir recours au cinéma pour les initier à un procédé littéraire ? Certes, l'équivalence n'est pas totale, chaque mode de narration ayant ses spécificités, mais réfléchir à la focalisation et à la subjectivité, analyser des moyens et des effets, c'est déjà faire un pas vers la compréhension du point de vue narratif.

Si un tel dispositif peut s'avérer chronophage, de la préparation du film à son exploitation, il est tout à fait possible de le réduire en n'analysant que l'affiche, le synopsis, la bande-annonce et l'une ou l'autre interview. Les élèves se familiariseraient tout autant avec la démarche d'émission et de vérification d'hypothèses et le travail sur un objet restreint pourrait gagner en minutie. 




Salomé Bureau




1. Un monde a remporté le prix Fipresci des critiques de cinéma internationaux dans la catégorie « Un certain regard » ainsi que le prix du Meilleur Premier Film au festival du film de Londres. Il a également été primé à Guanajuato, Ourense et Sarajevo. https://www.7sur7.be/cinema/le-film-belge-un-monde-recompense-au-festival-de-londres~ac89f389/

2.https://devenir-realisateur.com

3.https://www.cineclubdecaen.com

4. https://www.allocine.fr

5. https://www.cineclubdecaen.com/analyse/focalisationdurecitdecinema.htm

6. https://www.bruzz.be

7. https://cineuropa.org 

8. https://cinergie.be 

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