Les sorties culturelles : une réelle nécessité, même en temps de crise...
Aller à la rencontre de la culture dans le contexte sanitaire actuel : pourquoi ? comment ? Trois structures culturelles liégeoises présentent les services qu'elles proposent.
Le français... un cours de culture
On le sait, le cours de français est un cours de communication et de culture. Observation et analyse d'œuvres projetées ou introduites par l'enseignant dans l'espace-classe, sorties au théâtre, au cinéma, au musée, visites d'expositions à l'intérieur ou en plein air, parcours « street art »... toutes ces activités trouvent leur place dans le cadre de ce cours.
Un rapide examen du prescrit légal confirme cela, à tous les niveaux du cursus : d'entrée de jeu, les Socles de compétences, référentiel pour l'enseignement fondamental et le premier degré de l'enseignement secondaire, accordent une place de choix à la culture :
Travailler à s'approprier la langue française, c'est travailler à acquérir le langage de référence de tout apprentissage, c'est développer l'aptitude et le plaisir à communiquer, c'est accéder à la culture1.
Les référentiels des deuxième et troisième degrés, relayés par les programmes, vont, eux aussi, dans ce sens. En effet, deux des sept UAA définies se focalisent sur les objets culturels de tous types, amenant l'élève, d'une part, à découvrir les œuvres pour y intervenir au moyen des procédés créatifs que sont l'amplification, la recomposition et la transposition (UAA 5) et, d'autre part, à apprendre à apprécier et à réagir aux productions artistiques et culturelles qu'il rencontre (UAA 6)2.
Par ailleurs, les réflexions menées dans le cadre du Pacte pour un enseignement d'excellence3, et plus particulièrement les travaux de la Coupole Alliance Culture-École4, visent à articuler davantage les univers scolaire, artistique et culturel. Tout au long de son cursus, l'élève devrait être amené à vivre des expériences culturelles diversifiées et à entrer en contact avec des œuvres et des artistes à l'intérieur et à l'extérieur de l'école.
En ouvrant ses élèves à la culture, en leur offrant des occasions d'aller à sa rencontre, des expériences multiples et variées ainsi qu'un accompagnement, l'enseignant permet à ceux-ci de développer des compétences de lecture et d'écoute (lire-écouter un spectacle ; déchiffrer le langage du corps, des costumes, la composition des images ; mettre en lien les différents moyens d'expression ; prendre conscience du lien procédé-effet(s) ; etc.), mais aussi d'expression. Le contact avec la culture amène également les élèves à développer leur curiosité et leur esprit critique, à s'épanouir personnellement, à s'ouvrir aux autres et à « prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle »5. Par ailleurs, on le sait, tous les élèves n'ont pas l'opportunité de se rendre dans les lieux culturels en dehors des activités scolaires. Au nom de l'égalité des chances, il est donc essentiel que l'école organise des sorties de ce type.
On ne rappellera sans doute jamais assez que la culture est essentielle au bon fonctionnement de nos sociétés6. En la faisant entrer dans sa classe et en conduisant ses élèves à la rencontrer en dehors des murs de l'école, l'enseignant remplit donc plusieurs des missions qui lui sont confiées.
Une culture mise à mal
La crise sanitaire et le confinement qui nous a été imposé ont fait, ces derniers temps, de nombreux ravages à bien des niveaux. Les secteurs artistique, culturel et évènementiel n'ont pas été épargnés : fermeture des lieux culturels entrainant l'annulation des programmations, sujet souvent oublié ou reporté lors des communications du Conseil National de Sécurité, situation précaire des artistes et de tous ceux qui gravitent autour d'eux, témoignages, manifestations, appels à l'aide, etc.
Certains lieux culturels, tels que des musées, se sont réinventés durant le confinement, proposant des alternatives en ligne, des défis, etc.7Ces alternatives, aussi intéressantes et originales soient-elles, ne remplaceront jamais une visite réelle et ne feront pas vivre l'ensemble des acteurs du secteur culturel. Si, aujourd'hui, ce secteur reprend peu à peu du service, il n'en reste pas moins fragilisé.
Le public scolaire, habituellement présent dans les salles de cinéma, les théâtres et les musées, se fait plus discret en ce début d'année, malgré la levée des interdictions à effectuer des sorties (auxquelles ont été soumis les établissements du secondaire). Le port du masque, peu compatible avec la notion de plaisir, la réticence de certaines directions, les contraintes logistiques et la difficulté que rencontrent les enseignants à se projeter sur toute l'année n'y sont certainement pas pour rien.
Les sorties culturelles dans le contexte actuel
Du côté des structures culturelles, tout semble mis en place pour accueillir à nouveau le public et s'adapter au mieux aux nouvelles contraintes. Concrètement, quelles possibilités et quelles ressources s'offrent aux enseignants qui ne souhaitent pas renoncer aux sorties culturelles ?
Présentation de trois structures liégeoises et des services qu'elles offrent aux enseignants
Isabelle Collard, Véronique Michel et Marie Lekane, représentant respectivement le service pédagogique du Théâtre de Liège, le Centre culturel des Chiroux et l'équipe d'Écran large sur tableau noir, ont répondu à nos questions en vue de permettre aux enseignants de (re)découvrir leurs équipes, leurs services et leurs programmations8.
1. Le service pédagogique du Théâtre de Liège
- L'équipe est composée de trois personnes : Isabelle Collard coordonne le service et s'occupe de la mise en place de projets au primaire, au secondaire et dans le supérieur, tandis que Sophie Piret et Samir Bakhtar, tous deux comédiens et animateurs, prennent en charge les animations dans les classes ainsi que d'autres projets particuliers.
- Les missions et services :
La première tâche du service pédagogique du Théâtre de Liège consiste à sélectionner au sein de la programmation du théâtre les spectacles susceptibles d'intéresser les élèves et les enseignants par leur forme, leur thématique, leur auteur, etc. L'objectif est de proposer une grande variété de pièces en horaire scolaire et en soirée afin de permettre aux élèves de tous les cycles de venir au théâtre.
En vue d'informer les enseignants, une séance de présentation est organisée chaque année à leur attention. Cet évènement, habituellement programmé en juin, a pris deux formes cette année : une session en ligne a été diffusée en juin et deux soirées de présentation ont été organisées en septembre en présence d'environ 80 enseignants.
Le service pédagogique du Théâtre de Liège œuvre aussi pour outiller et accompagner les élèves et les enseignants dans la préparation et l'exploitation des spectacles. Chaque spectacle est accompagné d'un document, intitulé « BREF. », destiné aux élèves : ce document qui tient sur deux pages présente la pièce, son auteur, la compagnie, la thématique (souvent mise en lien avec l'actualité) et les spécificités du spectacle (bruitages, utilisation de la vidéo, costumes, etc.). Lorsque le spectacle dispose d'un dossier pédagogique, celui-ci est proposé aux enseignants. Ces derniers peuvent aussi participer à des « réflexions partagées » autour de différentes thématiques. Des animations en classe sont également proposées à toutes les classes qui se déplacent pour voir les spectacles. Les élèves peuvent également bénéficier d'une visite guidée du théâtre à petit prix et découvrir entre autres les coulisses et les machineries.
Les activités du service pédagogique ne se limitent pas à cela. L'équipe met en place d'autres projets, plus spécifiques, avec quelques classes volontaires. Cette année, un projet au long cours est organisé autour de la lecture à voix haute avec des classes de tous les niveaux d'enseignement. Au terme de ce projet, les élèves pourront mettre en voix un texte dans le cadre du festival Corps de Textes9. D'autres projets subventionnés par la Cellule Culture-Enseignement10 de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont en cours : ateliers avec des primo-arrivants, ateliers avec quelques classes autour du costume, etc. La thématique du costume est mise à l'honneur cette année et fera notamment l'objet d'une conférence dans le cadre du Festival Impact.
2. Le Centre culturel des Chiroux
- L'équipe : Tous services confondus, l'équipe des Chiroux se compose d'une trentaine de personnes qui se répartissent en plusieurs services ou cellules : arts de la scène, musique, programmation scolaire, médiation, Ilo citoyen11, etc. Ces différents services collaborent étroitement pour proposer un projet cohérent et faire des liens entre les spectacles et les évènements.
- Les missions et services :
Puisque l'offre aux Chiroux couvre plusieurs domaines artistiques, culturels et citoyens, les missions et services sont nombreux. L'équipe chargée de la programmation scolaire se rend habituellement durant l'été aux Rencontres de Huy pour sélectionner les spectacles jeune public. L'ensemble de la programmation accessible aux écoles est alors présentée dans le « CAP » (Culture Art Projet), un dossier de présentation très clair et bien ficelé destiné aux enseignants et dupliqué en deux versions : l'une pour l'enseignement fondamental, l'autre pour l'enseignement secondaire et supérieur. Celui-ci est transmis aux enseignants qui en font la demande12.
Outre les spectacles et les expositions, ce dossier présente les nombreux projets transversaux mis sur pied, certains depuis plusieurs années (tels que « Babillage », qui met des classes du maternel en contact avec des artistes, et « trAjet », un projet destiné aux classes de la fin du primaire qui fait des liens entre spectacles et littérature jeunesse), d'autres de manière plus inédite ou ponctuelle, parfois même créés sur mesure... Il suffit bien souvent simplement de demander : l'équipe est très ouverte aux collaborations. En effet, des collaborations et des partenariats, il y en a aux Chiroux ! Avec d'autres lieux culturels tels que La Courte Échelle, avec les Territoires de la Mémoire à l'occasion de débats en bord de plateau, avec des associations, avec certains établissements de l'enseignement supérieur, etc.
Cette volonté de faire des ponts, de mettre en relation s'observe jusqu'à l'intérieur de la salle où la mixité est bien souvent encouragée : ainsi, des futurs enseignants peuvent assister à un spectacle en même temps que des élèves plus jeunes, auxquels ils pourraient être amenés à donner cours. Ils découvrent ainsi les réactions des enfants/ados.
Dans le cadre des projets évoqués ci-dessus, le Centre culturel organise des séances en classe pour préparer les élèves à la thématique, à la sortie, etc. Si en dehors de ces projets, il est difficile de faire des animations à l'école, le Centre culturel met à disposition des enseignants les dossiers pédagogiques rédigés par les compagnies avec ou sans aide pédagogique : le dossier est envoyé aux enseignants avant la représentation et, à la fin de celle-ci, une animation en bord de plateau est prévue, notamment pour récolter les réactions du jeune public présent.
3. Écran large sur tableau noir
- L'équipe : Écran large sur tableau noir est un dispositif d'éducation au cinéma qui s'étend aux principales villes de Belgique francophone. Mis en place dès 1982, il est coordonné par le Centre culturel Les Grignoux en partenariat avec des cinémas d'art et essai et des centres culturels dans toute la Belgique francophone. L'équipe pédagogique d'Écran large sur tableau noir, composée de dix personnes, se répartit en trois branches : « animation », « dossiers pédagogiques » et « organisation ».
- Les missions et services :
L''équipe « animation » propose des activités d'animation en classe sur une sélection de films, essentiellement pour l'enseignement fondamental, tandis que la branche « dossiers pédagogiques » est chargée de choisir et programmer les séances scolaires, mais aussi de construire et rédiger les dossiers pédagogiques qui accompagneront les différents films proposés. Enfin, la branche « organisation » s'occupe des contacts entre les enseignants, l'équipe et les salles de cinéma des différentes implantations, à Liège, Namur et Bruxelles.
Basée sur l'actualité cinématographique, la programmation de l'année scolaire se situe au croisement de trois « mondes » : celui du cinéma d'art et essai, celui de l'école (avec ses normes, sa culture et son histoire) et enfin celui des élèves qui ont déjà acquis par eux-mêmes des gouts et un « bagage » cinématographiques. L'équipe chargée de la sélection scolaire veille à choisir une majorité de films récents qui présentent des qualités esthétiques incontestables et/ou abordent une thématique susceptible d'intéresser les élèves, qui sont humainement riches et/ou font preuve d'une sensibilité originale, et enfin qui sont en accord avec les demandes des enseignants (selon le projet pédagogique, la discipline, etc.). Une attention particulière est accordée à la diversité des publics (âge, intérêts, gouts, formations) afin de proposer aux jeunes spectateurs des œuvres qu'ils ne découvriraient sans doute pas par eux-mêmes et d'ouvrir ainsi, grâce au cinéma, un espace de dialogue avec d'autres cultures, d'autres horizons, d'autres conceptions et d'autres visions du monde.
Cette programmation est en principe réalisée dès le mois de mai, lors du Festival de Cannes. Elle est effectuée au départ des films proposés à Cannes et des sorties annoncées par certains distributeurs. Cette année, en raison de l'annulation du Festival de Cannes et du bouleversement des dates de sortie, le programme de qualité proposé dès septembre dans la brochure envoyée aux enseignants sera enrichi au fur et à mesure de l'année. Les nouveautés sont annoncées sur le site d'Écran large sur tableau noir13 et dans la newsletter envoyée aux professeurs inscrits.
Chacun des films proposés dans la sélection Écran large sur tableau noir a fait l'objet d'un dossier pédagogique. Celui-ci, mis en vente sur le site Internet14, est envoyé gratuitement au professeur qui a commandé une séance, environ dix jours avant la projection. Tous les dossiers pédagogiques sont inédits. Ils ne sont pas construits sur la base d'un canevas unique : c'est le film qui guide les activités. La plupart du temps, le dossier propose une activité préalable au visionnage, qui permet de préparer les élèves et de leur donner quelques clés de lecture. Les activités d'exploitation concrètes permettent à l'enseignant d'aborder le film sous différentes facettes, parfois sous un angle original.
Des alternatives, des aménagements ?
Que ce soit au Théâtre de Liège, au Centre culturel des Chiroux ou dans les cinémas des Grignoux, tout est mis en place, dans le respect des règles sanitaires, pour assurer la sécurité de tous : gestion des entrées et sorties, ventilation, désinfection des salles, mise à disposition de gel hydroalcoolique, port du masque et diminution des jauges.
Pour le reste, la volonté est bien de faire en sorte que le théâtre reste un « art vivant » et que le cinéma se vive dans des conditions normales de projection. Il est certain que le théâtre filmé n'est pas le meilleur moyen de donner le gout du spectacle vivant aux élèves et que regarder un film sur grand écran dans une salle obscure ou regarder ce même film sur un écran de télévision ou d'ordinateur constituent deux expériences incomparables... Si alternatives il y a, il n'est pas question de dénaturer ces expériences culturelles.
Durant la période d'incertitudes et de grands bouleversements qu'a été le confinement, les trois structures interrogées ont d'abord dû gérer les urgences de programmation-déprogrammation-reprogrammation, mais elles ont aussi cherché à maintenir les liens avec les enseignants : partage d'interrogations pour le Théâtre de Liège et le Centre culturel des Chiroux, interviews en live et concours aux Grignoux, renforcement de la communication via les réseaux sociaux, etc.
Le confinement a ensuite été mis à profit pour préparer au mieux la reprise et relancer la machine. Au Théâtre de Liège, différents dispositifs permettant de rester en lien avec les enseignants et d'offrir de nouvelles portes d'entrée aux élèves « au cas où les activités ne reprendraient pas » ont tout de même été imaginés tels qu'une visite virtuelle du bâtiment, une animation sur l'histoire du costume, des capsules vidéos d'échauffement avec des artistes pouvant être menées en classe ou à domicile ou encore des ateliers de lecture à voix haute qui pourraient avoir lieu partiellement en visioconférence.
De son côté, Écran large sur tableau noir a renouvelé son site internet de manière à pouvoir compléter l'agenda en ligne au fil des sorties et de permettre aux enseignants d'effectuer leurs réservations directement via le site.
Des spectacles et évènements incontournables
Que ce soit au théâtre, au centre culturel ou au cinéma, on n'a pas lésiné sur la programmation. En résultent quelques petits bijoux théâtraux et cinématographiques à ne pas manquer.
- Les coups de cœur et suggestions d'Isabelle Collard :
Parmi les spectacles particulièrement variés (seul en scène, danse, intégration des nouvelles technologies, etc.), principalement accessibles à partir de la 3e secondaire, deux spectacles sont mis en évidence par Isabelle Collard :
- Que du bonheur (avec vos capteurs) de Thierry Collet, spectacle de magie nouvelle très interactif qui emmène le spectateur dans un monde ou l'humain et le numérique ont commencé à fusionner. La forme que prend le spectacle peut surprendre les élèves et leur donner une autre image du théâtre.
- M comme Méliès d'Élise Vigier et Marcial di Fonzo Bo, récompensé par le Molière du meilleur spectacle jeune public 2019. Mélangeant les genres et les techniques (théâtre, marionnettes, danse, chant, cinéma, magie), ce spectacle est total! Accessible dès 8 ans, il plonge les spectateurs dans l'univers de la Belle Époque et traite de la création des images. C'est festif, c'est beau!
- Les coups de cœur et suggestions de Véronique Michel :
L'offre foisonnante et diversifiée (du point de vue des genres, des thématiques, des choix scénographiques, etc.) du Centre culturel des Chiroux met en évidence la richesse et la diversité du théâtre jeunesse. Les spectacles proposés s'adressent davantage au public plus jeune (enseignement fondamental et début du secondaire). Cette programmation est donc tout à fait complémentaire à celle du Théâtre de Liège et offre l'occasion au spectateur de découvrir des compagnies bien de chez nous. De nombreux spectacles pourraient être mis à l'honneur.
- Pour les ados (de la 1ère à la 3e secondaire), Bye bye Bongo de la Compagnie Domya. Cette pièce de théâtre aux accents de concert, qui mêle les genres musicaux (rock, slam, ballade, etc.), interroge notre rapport à la mort. Comment gérer les émotions contradictoires qui nous habitent lorsqu'on tombe amoureux le jour où l'on perd un être cher ?
- Dans un style très différent, Un silence ordinaire de Inti Théâtre, spectacle documentaire, traite de l'alcoolisme et plus globalement des assuétudes. Seul en scène (ou presque), le comédien partage son cheminement avec le public.
- Pour les plus jeunes (P1 à P4), la Compagnie liégeoise Dérivation revisite à sa manière les classiques de la littérature. Il en résulte une adaptation déjantée du Petit Chaperon rouge.
- Les coups de cœur et suggestions de Marie Lekane :
Au cinéma, Marie Lekane pointe deux films.
- Jojo Rabbit de Taika Waititi (dès 11 ans) : cette comédie dramatique, audacieuse et parodique, s'empare d'une des pages les plus sombres de l'histoire du XXe siècle et l'aborde du point de vue d'un enfant. Le film interroge sur un ton décalé et burlesque des sujets importants tels que la propagande nazie et l'embrigadement des jeunes. Il constitue une satire du régime nazi destinée à déconstruire les discours haineux et antisémites. Avec un culot assumé, le réalisateur qui incarne lui-même un Hitler grotesque et ridicule démontre par l'absurde le non-sens des idéologies totalitaires et tourne en dérision les mécaniques de propagande ainsi que ses ravages sur l'esprit malléable d'enfants.
- Rocks de Sarah Gavron (dès 14 ans) : fraichement sorti, ce film a séduit l'équipe d'Écran large sur tableau noir par son énergie communicative. Il s'agit d'une fiction autour d'une jeune fille qui tente de préserver son univers en dépit de l'absence de sa mère. C'est un film lumineux et poignant, un concentré d'énergie et d'humanité solidaire. Rocks nous parle d'une Angleterre merveilleusement bariolée, métissée, et donne la voix à un melting-pot bouillonnant de jeunes filles comme on en voit trop rarement sur les écrans.C'est un scénario tel qu'un adulte n'aurait pu l'imaginer seul. La réalisatrice et ses deux co-scénaristes ont construit le récit, son style, ses mots, avec les adolescentes du film, dont la plupart sont actrices pour la première fois. Le résultat est bluffant.
Cette séduisante mise-en-bouche devrait donner envie de découvrir le reste de la programmation15.
Pour conclure
Vivre une expérience culturelle, c'est découvrir une œuvre, mais c'est aussi aller à la rencontre d'un lieu, d'une ambiance, d'autres spectateurs... pour partager ensemble cette expérience : émotions, échanges, convivialité font partie intégrante de celle-ci. À l'heure où le numérique explose, aucune alternative à distance ne permet de proposer des expériences équivalentes... et c'est tant mieux !
Emmener ses élèves dans les lieux culturels pour permettre à tous d'accéder à la culture et de développer des compétences multiples utiles à l'école, mais aussi et surtout en dehors de celle-ci (compétences de lecture, de communication, esprit critique, etc.), fait partie des missions confiées au professeur de français et à l'instituteur. De nombreux échos positifs d'enseignants confirment le désir et l'enthousiasme qui animent ces derniers. De l'autre côté, les lieux culturels sont prêts à accueillir à nouveau les élèves. Les représentantes des trois structures culturelles interrogées sont unanimes : « Venez ! », « Venez vibrer avec nous ! » Il ne reste plus aux écoles qu'à braver les difficultés logistiques pour concrétiser ces rencontres bien nécessaires !
Anne-Catherine Werner
1Fédération Wallonie-Bruxelles, Socles de compétences, « Français », p. 7.
2Voir au sujet de ces deux UAA dans le programme de transition du 2e degré l'interview de Jean-François Pondant réalisée par Sylvie Bougelet : https://dupala.be/article.php?...
3Groupe central du Pacte pour un enseignement d'excellence. (7 mars 2017). Avis n°3. Bruxelles : Fédération Wallonie-Bruxelles, pp. 101-107.
4Coupole Alliance Culture-École (janvier 2017). Bouger les lignes.
5Décret Missions (24 juillet 1997), article 6.
6Voir à ce sujet l'article de Nicole Gesché Koning, Le rôle de la Culture et de l'Education dans un monde en crise : https://www.cultureetdemocrati... Sur le même sujet, l'association Culture & Démocratie (https://www.cultureetdemocrati...) propose des ressources et des outils intéressants. Voir également la carte blanche cosignée par de nombreux acteurs culturels parue dans Le Soir et relayée sur le site des Grignoux : https://www.grignoux.be/news/f...
7Voir notamment notre article consacré au Getty Museum challenge : https://dupala.be/article.php?...
8D'autres structures culturelles seraient à mettre en évidence, notamment celles qui envisagent la découverte d'œuvres artistiques en extérieur, comme le Musée en plein air du Sart-Tilman (http://www.museepla.ulg.ac.be). D'autres initiatives de ce type fleurissent dans les villes. À Liège, par exemple, Le Phylactère d'Emilio Lopez-Menchero, œuvre à laquelle peuvent prendre part les passants, a été installé place du XX-Aout.
9https://theatredeliege.be/even...
10http://www.culture-enseignemen...
11https://www.chiroux.be/eveneme...
12Pour obtenir les dossiers de présentation ou toute autre information et effectuer des réservations, il suffit de s'adresser à Françoise Senen, chargée d'assurer les contacts avec les enseignants : jeunepublic@chiroux.be
14https://www.grignoux.be/dossie...
15Les trois programmations ainsi que les informations pratiques sont disponibles en ligne.