Raconter l'histoire des « petits personnages » de Pierre Bonnard

Une activité articulant œuvres picturales et nouvelles pour développer des compétences de lecture d'images et d'écriture et acquérir des connaissances culturelles et artistiques.


À côté des personnages illustres ou devenus célèbres  pensons notamment à Mona Lisa dont les spectateurs venus du monde entier se comptent chaque jour par milliers –, ou moins connus, mais tout de même pourvus d'une identité, on trouve, dans l'univers pictural, de nombreux personnages anonymes. Si les premiers occupent généreusement la toile des tableaux qui en font le portrait, les seconds sont représentés çà et là, de manière visible ou dissimulée, selon les besoins de la composition, l'équilibre du tableau, l'envie ou la fantaisie du peintre... Ce sont des figurants, des « petits personnages », comme Marie Sizun, écrivaine et artiste peintre, les appelle.

Dans un ouvrage qui leur est consacré, elle se propose de leur donner de la consistance, de leur offrir une identité, d'imaginer leur histoire « en inventant à chacun [...] des sentiments, des regrets, des espoirs »1. Ainsi, les « petits personnages » apparaissant dans des tableaux de Turner, Rops, Caillebotte, Ensor, Van Gogh ou encore Monet – pour n'en citer que quelques-uns –, deviennent sous la plume de l'écrivaine les héros de nouvelles brèves (entre 4 et 6 pages). Le lecteur apprend, par exemple, que le pêcheur peint sur un banc de sable doré par Félix Vallotton n'aime pas particulièrement la pêche. Celle-ci lui sert d'échappatoire et lui permet de se replonger dans ses plus tendres souvenirs : isolé de sa famille pour quelques heures, il contemple le paysage, qui lui rappelle le corps de sa maitresse, et se souvient avec nostalgie des moments passés en sa compagnie à cet endroit.

Félix Vallotton, Sables au bord de la Loire, 1922, huile sur toile, 73 x 100 cm



Une démarche de transposition transgenre

Les textes de Marie Sizun constituent des transpositions, au sens entendu par les référentiels et les programmes de français des 2e et 3e degrés de l'enseignement secondaire. Le tableau ne sert pas seulement de lanceur d'écriture (dont le rôle se limite généralement à donner un coup de pouce à la créativité et à l'imagination du scripteur) ; les éléments qui le composent guident la rédaction et participent à celle-ci : le lecteur les retrouve transformés en mots dans le texte, et peut alors identifier ou reconnaitre l'œuvre source. Ainsi, dans les extraits suivants, issus de la nouvelle basée sur le tableau de Félix Vallotton, on trouve la trace des éléments constitutifs du tableau (barque, pêcheur, paysage, sables d'or, eaux bleues, etc.), mais également de l'interprétation et du ressenti de l'auteure face à cette peinture ainsi que des associations d'idées qui lui sont venues (douceur, liberté, sensualité, rapprochement entre les bancs de sable et les formes d'un corps féminin, etc.). 

                                                                                              Extraits de la nouvelle « Le pêcheur », pp. 205-210.


Articulant réception de l'œuvre source et production d'une œuvre nouvelle, et apparentée au procédé que Maxime Abolgassemi nomme « transposition transgenre »2, la démarche de Marie Sizun s'inscrit parfaitement dans l'UAA 5 (S'inscrire dans une œuvre culturelle), qui vise à placer l'élève dans la double posture de réception-production. En effet, transposer d'un genre à un autre suppose tout d'abord de connaitre et d'intégrer les caractéristiques des deux genres, celui de l'œuvre source (ou hypotexte) et celui de l'œuvre à produire (hypertexte). Il s'agit, plus précisément, ici de/d' : 

  • analyser l'œuvre picturale en observant les éléments représentés (les personnages, leur posture, leur attitude, leurs gestes, leur expression, leurs vêtements et accessoires, mais également le décor dans lequel ils évoluent ou se fondent), ainsi que les aspects formels et techniques (composition, cadrage, éclairage, couleurs, etc.)
  • s'approprier en parallèle les caractéristiques de la nouvelle (structure, procédés narratifs, etc.) dans une démarche articulant lecture et écriture ; 
  • analyser un ou plusieurs modèle(s) ;
  • planifier et concrétiser la transposition. 

Les étapes essentielles d'une séquence ayant pour tâche finale la transposition d'un tableau sous la forme d'une nouvelle pourraient être schématisées de la façon suivante :  




Une proposition au départ de tableaux postimpressionnistes de Pierre Bonnard


Intérêt

Parmi les tableaux transposés par Marie Sizun, se trouve le très coloré Ruelle à Vernonnet de Pierre Bonnard. Cette œuvre est intéressante à plusieurs égards. Elle se prête, tout d'abord, bien au travail d'observation. En effet, le personnage représenté ne retient pas d'emblée l'attention du spectateur : petit, de dos et peint dans des tons de la même gamme que ceux utilisés pour la ruelle, le mur d'enceinte et les bâtiments, il se fond dans le tableau. Ensuite, dans l'optique d'une transposition narrative centrée sur le personnage, le fait que celui-ci soit en action peut être facilitant : que fait-il ? Où va-t-il ? Dans quel but ? Sur le plan technique et stylistique, Ruelle à Vernonnet offre également l'occasion de faire découvrir aux élèves l'esthétique (post)impressionniste, qui leur est sans doute peu familière et qui se révèle souvent génératrice d'émotions.

Pierre Bonnard, Ruelle à Vernonnet, 1912, huile sur toile, 76 x 65,2 cm


Par ailleurs, Pierre Bonnard (1867-1947) est un peintre du quotidien. Il puisait son inspiration dans sa propre vie, peignant des lieux qu'il chérissait et faisant de son épouse, Marthe, le modèle de bon nombre de ses personnages féminins. Pour apporter une dimension supplémentaire à la lecture de l'œuvre, il semble utile de s'intéresser à la vie du peintre, de se documenter sur celle-ci (via un travail rattaché aux UAA 1 et/ou 2, par exemple). En effet, Vernonnet, village de Normandie situé en bord de Seine, n'est pas choisi au hasard par le peintre. Ce dernier y a vécu avec son épouse durant de longues années et y a réalisé de nombreux tableaux en s'inspirant du cadre verdoyant, des ruelles, de sa propre demeure, etc. Pierre Bonnard n'était pas seulement peintre, il était aussi sculpteur, graveur et décorateur. Il s'est beaucoup intéressé aux arts japonais qui ont influencé sa production artistique (souci du détail, observation fine de la nature, motifs végétaux, etc.). Autant d'informations susceptibles de nourrir l'observation et l'analyse du tableau menées avec les élèves. Travailler au départ des œuvres de Pierre Bonnard permet donc de convoquer et de mobiliser des savoirs historiques et artistiques. 

Enfin, le projet de transposition visant à raconter l'histoire des « petits personnages » présents dans les tableaux semble aller de pair avec l'objectif artistique que se fixait l'artiste : « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture »4, disait-il. « Rendre la peinture vivante », n'est-ce finalement pas ce que les élèves seront amenés à faire au travers de leurs transpositions narratives ? 

Pierre Bonnard



Dispositif

Le dispositif didactique aboutissant à la rédaction d'une nouvelle centrée sur l'histoire d'un ou plusieurs personnage(s) figurant dans un tableau de Pierre Bonnard pourrait s'organiser de la manière suivante en intégrant les étapes essentielles à toute séquence visant une transposition transgenre (cf. schéma proposé ci-dessus) : 


1. Apprendre à observer, à analyser et à interpréter un tableau au départ d'un corpus (hétéroclite ou non)

Pour former les élèves à la lecture d'œuvres picturales, l'enseignant pourrait, dans un premier temps, soumettre à leur regard un corpus de tableaux et guider leur observation à l'aide de questions qui les amèneront à décrire, à analyser et à interpréter ces œuvres (une à une, mais aussi via des comparaisons permettant d'observer des procédés et des effets différents). Le lexique et les concepts propres à l'analyse de l'image (cadrage, couleur, lumière, techniques artistiques, etc.) pourraient ainsi être fournis progressivement de manière à outiller les élèves.

La démarche didactique d'analyse de l'image articule observation/description, analyse et interprétation. Il convient donc de sensibiliser les élèves à ces trois étapes. Pour les initier, mieux vaut sans doute, dans un premier temps, opérer un découpage net entre celles-ci. Quant au lexique propre à l'analyse de l'image, il est à envisager comme un outil et non comme une somme de savoirs à mémoriser. Ainsi, les étiquettes théoriques seront proposées selon les besoins des analyses et les caractéristiques des tableaux sélectionnés. Ce lexique pourrait prendre une forme évolutive et être amplifié au fil de l'année au gré des activités mobilisant les concepts liés à l'analyse de l'image. 


2. Observer et analyser le tableau Ruelle à Vernonnet

Les apprentissages réalisés à l'étape précédente pourraient être réinvestis au travers de l'analyse du tableau Ruelle à Vernonnet de Pierre Bonnard. Les élèves seraient invités à décrire précisément celui-ci, à l'analyser et à l'interpréter. 

Exemples de questions : 

Quels éléments composent ce tableau ? Comment sont-ils agencés ? Décris le personnage. Que fait-il ? 

Sur le plan technique, que peux-tu dire de ce tableau ? 

Dans quel lieu se trouve le personnage ? Comment situes-tu l'action dans le temps (saison, moment de la journée) ? 

Quelle atmosphère se dégage du tableau ? 


L'analyse pourrait aussi être menée à l'aide d'une grille d'observation. 

Les nouvelles de Marie Sizun débutent généralement par un paragraphe descriptif qui peut facilement être isolé de la narration. L'enseignant pourrait demander aux élèves d'écrire ce paragraphe ou leur soumettre l'extrait suivant et les inviter à le commenter et à le compléter de manière à préciser la description du tableau. 

Extrait de la nouvelle « La visite », p. 171.


Afin de nourrir davantage l'interprétation et d'amorcer le travail de transposition, l'enseignant pourrait ensuite interroger les élèves sur le personnage, ses actions, ses intentions.

Exemples de questions :

- Qui est le personnage représenté ? Comment pourrait-il s'appeler ? Quel âge pourrait-il avoir ? 

- Où va-t-il selon toi ? Dans quel but ? Quelles pourraient être ses intentions ?


Il ne s'agit pas ici d'inventer de toutes pièces, mais d'imaginer les réponses à ces questions, de donner une identité au personnage en s'appuyant sur les éléments du tableau.


3. Se documenter sur le peintre et le contexte de création de l'œuvre

Pour approfondir l'analyse du tableau et éclairer les élèves en ce qui concerne le contexte de sa création, plusieurs possibilités s'offrent à l'enseignant : présenter les informations nécessaires aux élèves, leur proposer un travail de recherche d'informations (sur Internet par exemple), les amener à sélectionner les informations utiles au sein d'un document fourni (notice biographique) ou leur proposer le visionnage du film BONNARD Pierre et Marthe, qui retrace une partie de la vie du peintre et de son épouse.

Affiche du film réalisé par Martin Provost en 2023


Après avoir collecté des informations, les élèves seraient invités à compléter et à ajuster éventuellement les réponses apportées aux questions précédentes. Ce serait l'occasion de leur faire prendre conscience que le contexte dans lequel s'insère une œuvre peut apporter des clés de compréhension au spectateur.



4. Rédiger un premier jet 

Au départ de l'analyse du tableau et des réponses personnelles apportées aux questions posées à la fin de l'étape 2, l'enseignant pourrait inviter les élèves à rédiger le premier jet d'une courte nouvelle mettant en scène le personnage du tableau. Ce premier jet serait exploité et amélioré au fil des apprentissages consacrés à la nouvelle.

Faire rédiger un premier jet n'a de sens que s'il est prévu, dans la suite de la séquence, d'amener les élèves à le faire évoluer, à l'améliorer en s'appuyant sur les apprentissages réalisés. 


5.  Analyser la transposition de Marie Sizun et dégager les caractéristiques de la nouvelle

L'enseignant pourrait ensuite proposer la lecture de la nouvelle de Marie Sizun intitulée La visite. Il s'agit du récit qui s'inspire du tableau Ruelle à Vernonnet (mais les élèves ne le sauraient pas encore). Dans ce texte, dont un extrait est reproduit ci-dessous, Marie Sizun s'appuie sur des éléments du tableau (chaleur d'été que rendent les couleurs et les ombres présentes dans l'image, personnage en chemin, sac, etc.), mais également de la vie du peintre, puisqu'il est question d'une visite chez de nouveaux voisins, Marthe, aux allures parisiennes, et son mari, artiste peintre, un certain Bonnard ou Boudard. 


Extrait de la nouvelle « La visite », pp. 171-173.

Après avoir constaté que le texte s'inspire du tableau, les élèves seraient invités à mettre en lien les deux œuvres, à repérer dans la nouvelle les échos à l'œuvre picturale et à commenter ceux-ci. Le texte pourrait également être analysé en termes de procédés narratifs et de caractéristiques propres à la nouvelle. Pour ce faire, un travail de comparaison avec d'autres nouvelles devrait être effectué de manière à dégager les caractéristiques du genre à produire. 


6. S'approprier les caractéristiques de la nouvelle

Afin de préparer au mieux les élèves à la production finale, différentes activités portant sur les caractéristiques de la nouvelle pourraient être proposées. L'idée serait d'articuler réception et production de manière à amener les élèves à s'approprier progressivement les caractéristiques du genre et à manipuler les procédés narratifs (utiliser les temps du récit, écrire un dialogue ou un monologue intérieur, etc.). Le premier jet, rédigé précédemment par les élèves, pourrait être amélioré au fil des activités. Il pourrait ensuite être évalué de manière formative. 

Afin de ne pas perdre de vue le travail de transposition, certaines de ces activités devraient idéalement s'appuyer sur des œuvres picturales (rédiger le début d'une nouvelle, planter le décor et donner quelques informations sur le personnage, planifier la rédaction en pointant les éléments du tableau qui seraient repris, etc.). 


7. Commenter et évaluer une transposition

Afin de s'assurer que les élèves ont compris en quoi consiste la transposition d'un tableau en nouvelle et maitrisent les caractéristiques de cette dernière, l'enseignant pourrait les inviter à lire et à commenter la nouvelle suivante. Il s'agit d'une autre transposition authentique du tableau de Pierre Bonnard, plus brève que celle de Marie Sizun. 

Exemples de questions : 

Cette transposition est-elle fidèle au tableau ? Quels éléments de celui-ci évoque-t-elle ? 

Quelles ressemblances et quelles différences avec la nouvelle de Marie Sizun perçois-tu ? Certains choix te paraissent-ils plus judicieux que d'autres ? Lesquels et pourquoi ? As-tu une préférence entre les deux nouvelles ? Laquelle ? Pourquoi ? Explique tes réponses. 

https://ecumedesmots.wordpress...


Les élèves ne seront sans doute pas totalement satisfaits de cette seconde transposition. L'enseignant pourrait alors les inviter à l'améliorer de manière à ce qu'elle fasse davantage référence au tableau.


8. Transposer un autre tableau de Bonnard 

On en viendrait ensuite à la production finale. Plusieurs tableaux postimpressionnistes de Pierre Bonnard donnant à voir un ou plusieurs personnage(s) non identifié(s) seraient proposés aux élèves. Chacun pourrait ainsi choisir de travailler sur l'œuvre qui lui plait ou l'interpelle le plus. La grande salle à manger sur jardin et La terrasse à Vernon, dans lesquelles des personnages sont représentés presque fondus (ou confondus) dans le décor, se prêtent bien à l'exercice. De nombreux détails peuvent être examinés à l'avant et à l'arrière-plan. Dans le second tableau, deux personnages sont présents : il est nécessaire d'observer attentivement l'image pour repérer le personnage vêtu de jaune à l'avant-plan, presque sorti du cadre. 

Pierre Bonnard, Grande salle à manger sur jardin, 1934-1935, huile sur toile, 126,6 x 135,3 cm


Pierre Bonnard, La terrasse à Vernon, 1928, huile sur toile, 148 x 194,5 cm


Avant de se lancer dans le travail d'écriture, les élèves seraient amenés à observer les éléments qui composent le tableau, la manière dont ils sont agencés, le décor, le ou les personnage(s) présent(s) dans la scène, son/leur attitude, etc. Ils seraient ensuite invités à planifier leur écrit en répondant à des questions centrées sur le(s) personnage(s) : qui est/sont-il(s) ? Que fait/font-il(s) là ? Quelles sont ses/leurs intentions ? etc., en notant quelques mots-clés pour garder trace de leurs idées ou en réalisant un écrit intermédiaire plus développé (par exemple, une fiche descriptive du personnage, un plan du récit, un schéma narratif à compléter en mettant en évidence les éléments repris ou inspirés du tableau, etc.).

Avant d'entamer la rédaction, il est utile de rassembler ses idées et de passer par un écrit intermédiaire, préparatoire à l'écriture du texte à produire. Cet écrit amène l'élève à faire des choix, à réfléchir à l'organisation de son texte de manière à disposer d'un projet d'écriture clair et d'un cadre qui faciliteront la rédaction. 

Les élèves écriraient et réviseraient ensuite leur nouvelle. 

Dans un second temps, l'enseignant pourrait leur demander de justifier à l'oral ou à l'écrit les choix posés afin de démontrer que leur production écrite est bien une transposition du tableau. Ce travail de justification fait appel aux compétences transversales travaillées dans l'UAA 0 et est parfois bien nécessaire pour apprécier les productions créatives des élèves, car, derrière la production, il y a des choix et des réflexions auxquels cette dernière ne donne pas toujours accès. Il est donc parfois nécessaire d'amener les élèves à expliquer et à justifier leurs choix pour mieux apprécier le résultat. 



Prolongements

Plusieurs prolongements sont envisageables dans le cadre du cours de français et/ou de celui d'éducation culturelle et artistique. Le nouveau référentiel6 invite les enseignants à mettre les œuvres patrimoniales en relation avec des œuvres contemporaines. On pourrait ainsi proposer des tableaux actuels aux élèves et amener ces derniers à les comparer avec ceux de Pierre Bonnard. Pour ce faire, on pourrait, par exemple, exploiter quelques tableaux de l'artiste liégeois Thierry Grootaers7. S'ils diffèrent sur le plan technique des toiles postimpressionnistes de Pierre Bonnard, ils partagent avec elles plusieurs points communs : les personnages sont quelquefois représentés de dos ou sous la forme de silhouettes ; certains sortent du cadre ; certains d'entre eux se fondent dans le décor par un jeu de ton sur ton ; lorsqu'ils ont un visage, les traits de celui-ci sont seulement suggérés ; ils sont ancrés dans leur temps, dans des décors représentant leur lieu de vie, leur quotidien (bureau ou salon avec télévision, cuisine, jardin) ; l'artiste exploite l'avant-plan, mais aussi l'arrière-plan (vue derrière la fenêtre) ; etc.  

Thierry Grootaers, Chez Benja. et Sarah, acrylique sut toile, 161 x 192 cm

Thierry Grootaers, H. dans son jardin, acrylique sur toile, 145 x 184 cm


Thierry Grootaers, Dans la cuisine, acrylique sur toile, 120 x 100 cm


Dans le cadre du cours d'éducation culturelle et artistique, qui s'articule autour de différents modes d'expression (expression française et corporelle, expression plastique, expression musicale8), on pourrait proposer aux élèves d'effectuer le processus inverse à celui présenté dans cet article : transposer une nouvelle en tableau, voire transposer une nouvelle en tableau à la manière d'un peintre (Bonnard, Grootaers ou autre) dont on aurait analysé différentes œuvres de manière à identifier les caractéristiques stylistiques. 


Conclusion

Les tâches de transposition d'un genre à un autre nécessitent un travail approfondi des deux genres travaillés et permettent de développer chez les élèves des compétences de réception et de production, tout en amplifiant leur bagage culturel et artistique et en développant leur créativité. Ces tâches, attendues par l'UAA 5 des programmes des 2e et 3e degrés, seront à l'avenir déjà pratiquées en amont. En effet, reprise sous l'appellation de compétence, la transposition apparait dans le nouveau référentiel de français.


Anne-Catherine Werner


1. SIZUN Marie (2022). Les petits personnages, Paris, Arléa, quatrième de couverture. 

2. ABOLGASSEMI Maxime (2001). L'écriture d'invention, Rennes, CRDP de Bretagne, p. 26.

3. Voir à ce sujet l'article consacré au Getty Museum Challenge, qui s'intéresse à la transposition plus ou moins fidèle de tableaux patrimoniaux : https://dupala.be/article.php?...

4. https://www.beauxarts.com/gran...

5. https://ecumedesmots.wordpress...

6. Fédération Wallonie-Bruxelles (2022), Référentiel de Français et langues anciennes,Tronc commun, p. 18. 

7. https://www.thierrygrootaers.n...

8. Voir le nouveau référentiel consacré à cette discipline : Fédération Wallonie-Bruxelles (2022), Référentiel d'éducation culturelle et artistique,Tronc commun.

Auteur

Anne-Catherine Werner

Maitre-assistante en français, didactique du français, assistante de formation en didactique du français langue première (ULiège). Intérêt particulier pour la lecture, l'écriture, la langue française, le cinéma, le théâtre, la photographie et les arts plastiques.

Réagissez à cet article

Derniers articles

L'usage du point médian interdit dans les écoles de la FWB

Toc, toc, toc ! Dire une scène de théâtre

Lire une nouvelle et manifester sa lecture par l'intermédiaire d'une production

Inoxtag ou l'injonction de la « meilleure version de soi-même »

Raconter l'histoire des « petits personnages » de Pierre Bonnard