Liste de cadeaux à glisser sous le sapin...
Quelques suggestions à offrir ou à se faire offrir en cette période des fêtes.
En cette fin d'année, le comité de rédaction de DUPALA vous suggère une liste d'idées de cadeaux à partager :
1. Ruiz Olivia, Écoute la pluie tomber, Le Livre de Poche, 2023.
// Isabelle Persoons
J'ai adoré le deuxième et dernier roman d'Olivia Ruiz, Écoute la pluie tomber. Carmen nous raconte son histoire, celle de ses sœurs au cœur du café « La Marseillette ». Elle nous retrace les épreuves de vie qu'elle traverse pour trouver sa propre voie, celle qui la fera s'épanouir en s'éloignant du cocon familial un rien étouffant. Beaucoup d'émotion, d'amour, des personnages attirants, des femmes fortes au caractère bien trempé qui font sourire ou qui font pleurer. Écouter la pluie tomber avec ce livre en main, c'est finalement moins pénible…
2. Sinno Neige, Triste tigre, P.O.L, 2023.
// Céline Dispas
L'inceste, un thème vers lequel il est difficile d'aller, dur, effrayant. On préfèrerait qu'il n'existe pas, ni dans la vie ni en littérature…
Pourtant, dès les premières pages, le livre de Neige Sinno nous captive, du fait de l'originalité de son approche. Tantôt on se trouve face à un portrait tout en nuance du bourreau - qui est un type plutôt apprécié dans la vie sociale -, tantôt on lit le « fait divers » de cette affaire dans le journal local, tantôt on se laisse captiver par un conte amérindien. L'auteure cherche à multiplier les regards (agresseur, victime, mère, sœur, médias, voisins), et crée des parallélismes avec d'autres récits, d'autres œuvres littéraires, tout ceci intégré à des souvenirs d'enfance précis et contextualisés, qui nous font penser que ce genre d'histoire peut arriver (et arrive) à n'importe quel enfant, malheureusement trop souvent. Son regard est tout à fait personnel, profond, à contre-courant de ce qu'il est de bon ton de présenter aux médias. Ici, pas de pardon, pas de résilience. Certains évènements du passé sont ineffaçables et façonnent la personnalité et la vie entière des victimes. L'auteure s'interroge souvent, cherche à converser avec son lecteur sans imposer son point de vue. Elle nous emmène dans sa tête, ses questionnements, ses obsessions. On ne sort pas de ce livre indemne.
L'installation du crime, le silence des victimes, les conséquences de la parole, et surtout, la marque indélébile qu'il laisse aux victimes, tout est abordé. Le style est épuré, original. Témoignage ? Essai ? La réussite du livre tient tant dans sa forme que dans son fond.
3. Ardone Viola, Le choix, Albin Michel, 2022.
// Calogera Rivituso
Par la magie des mots, le roman nous transporte dans un petit village de Sicile, entre les années 1960 et 1980. Nous y rencontrons ainsi Olivia Denaro qui, grâce au talent de l'auteure, nous captive dès les premières pages. Elle reçoit une éducation stricte et à peine est-elle sortie de l'enfance qu'on lui fait bien comprendre que « La femme au singulier n'existe pas. Si elle est à la maison, elle est avec ses enfants ; si elle sort, c'est pour aller à l'église, au marché ou aux enterrements, où il y a toujours d'autres femmes. Et s'il n'y a pas de femmes pour la tenir à l'oeil, il faut qu'elle soit accompagnée par un homme ».
Olivia attire rapidement la convoitise d'un jeune homme peu recommandable. Elle est kidnappée et agressée sexuellement. Selon une tradition ancestrale, le bourreau peut épouser sa victime (« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse ») et l'outrage est ainsi effacé en toute impunité.
Olivia est donc confrontée à un choix cornélien : épouser son violeur, devenir son esclave mais voir son honneur rétabli ou oser dire non à cette coutume barbare mais passer pour la jeune fille dévergondée du village où les « langues coupantes » sont légion.
S'inspirant d'une histoire vraie, le roman est bouleversant et nous fait certes réfléchir sur la condition de la femme dans le monde, mais c'est aussi un tableau émouvant de l'amour filial et familial.
4. Bonila Rocio et Isern Suzanna, Le grand livre des superpouvoirs, Editions Père Fouettard, 2019.
// Calogera Rivituso
Voilà un album jeunesse où textes et illustrations vous réconforteront tels des sucres d'orge de Noël ! Nous avons tous un surperpouvoir. Certes nous ne sommes pas Batman, Superman, Spiderman, Lara Croft ou Ladybug, mais nous avons tous des qualités qui nous rendent uniques et indispensables !
Nous faisons la connaissance de Charlotte la mathématicienne, Hélène la conteuse, Paul le danseur ou Marina la musicienne. Et la fin du livre nous invite à réfléchir sur notre superpouvoir, celui qui nous rend fiers et heureux.
Un album lumineux qui mérite d'être (re)découvert en prenant le temps de lire chaque page avec douceur.
5. Eric Reinhardt, Sarah, Susanne et l'écrivain, Gallimard, 2023.
// Pierre-Yves Duchâteau
Un écrivain raconte la vie de Susanne, personnage qu'il choisit d'élaborer pour incarner Sarah, l'une de ses lectrices assidues, qui lui confie le soin de mettre en roman des évènements marquants de son existence. Or, voici les prémices de ce récit : il se fait que la vie de couple de Sarah-Susanne bat légèrement de l'aile, bien que les partenaires soient encore amoureux : disons que le mari a tendance à s'isoler chaque soir dans sa cave et qu'il détient, à la faveur de l'insouciance passée de sa femme, 75 % de la valeur de leurs logement et terrains, anomalies auxquelles il a promis de remédier. Mais il néglige sa promesse, au point que Sarah-Susanne met à exécution un plan qui sera lourd de conséquences : déloger tant que le mari ne changera rien à la situation.
Le roman, mettant en parallèle le témoignage de Sarah et le récit de l'écrivain, nous plonge dans une expérience de lecture originale, où il nous arrive de confondre réalité et littérature (la vie de Sarah et celle de Susanne, son double littéraire), au point qu'on se surprend à penser qu'un écrivain, lorsqu'il tient un bon sujet, n'a plus grand-chose à imaginer ou, en d'autres termes, que la réalité dépasse souvent la fiction… Détrompons-nous, car le talent d'Eric Reinhardt n'est pas pour rien dans la grande qualité de ce livre : la langue est ample, fluide et précise, les scènes sont plus vraies que nature, l'enchainement des évènements est inquiétant, saisissant, et, source évidente de plaisir, un peu à la manière de l'Anglaise Ivy Compton-Burnett. C'est en taillant des dialogues incisifs et d'un réalisme bien senti que l'auteur, le vrai, nous impose crument ses personnages et leurs funestes décisions.
6. Ilja Leonard Pfeijffer, Grand Hotel Europa, 10X18, 2023.
// Aurélie Cintori
L'auteur du roman, écrivain dans la tourmente, sort d'une relation amoureuse difficile avec Clio, une spécialiste de l'histoire de l'art. Afin de se remettre de cette rupture, il décide de se réfugier dans le luxueux Grand Hotel Europa. Cette mise au vert volontaire l'amènera à rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs, qui eux aussi fréquentent le palace. L'occasion pour Ilja d'échanger avec différents personnages d'une grande érudition et marqués par des expériences de vie variées.
Le roman mêle des thématiques nombreuses abordées sous des angles sociologiques, historiques ou encore politiques. Cette richesse de la réflexion peut parfois susciter une résistance importante de la part du texte. Certains passages, certains dialogues s'apparentent d'ailleurs à des débats de haut vol qui nécessitent des connaissances préalables.
En ce qui me concerne, si on ne se laisse pas décourager par ces moments réflexifs fort denses, l'humour et l'autodérision du héros compensent largement cette difficulté. J'ai particulièrement apprécié les pages au cours desquelles il décrit, de manière quasi anthropologique, les différents types de touristes dans les villes italiennes. Sa vision du touriste néerlandais et de ses habitudes parfois originales est également jubilatoire. Elle a fait écho, chez moi, à de nombreuses situations observées et vécues lors de vacances en famille.
7. Ken Follet, Les armes de la lumière, Robert Laffont, 2023.
// Jean-François Pondant
À la fin du XVIIIe siècle, un gouvernement tyrannique est résolu à faire de l'Angleterre un empire commercial puissant. En France, c'est le début de l'ascension au pouvoir de Napoléon Bonaparte. Les dissensions sont nombreuses et les pays voisins de la France en alerte maximale. Il y a de la révolution dans l'air...
Et elle est aussi industrielle. Sans précédent, elle bouleverse la vie des ouvriers des prospères manufactures de textile de Kingsbridge. La mécanisation galopante et l'invention de nouvelles machines à tisser engendrent l'obsolescence de plusieurs métiers et brisent des familles entières.
Tandis qu'un conflit international devient inéluctable, un petit groupe d'habitants de Kingsbridge – dont Sal, fileuse, Spade, tisserand, et Kit, le fils volontaire et ingénieux de Sal – va incarner la lutte d'une génération pour un avenir libre de toute oppression.
Fresque historique passionnante, page turner irrésistible… La recette des succès de l'auteur fonctionne une fois encore.
Le roman est parfaitement construit, les personnages, issus de toutes les couches de la société de l'époque, sont attachants et la plume de l'auteur reste toujours aussi fluide. Entre destins contrariés, jalousies meurtrières, justice arbitraire, guerre sanglante et révolution industrielle, Ken Follet décrit une génération qui incarne la lutte pour un avenir libre de toute oppression. A travers les tribulations des différents protagonistes, l'auteur s'attache à nous montrer l'avènement de la révolution industrielle. Une révolution qui transforme la vie des ouvriers de Kingsbridge, pour le meilleur et pour le pire.
Certains pourraient reprocher à l'auteur, comme dans ses romans précédents, la même trame, parfois cousue de fil blanc, les mêmes ficelles et un manichéisme certain. Quoi qu'il en soit, ce nouvel opus offre un très bon moment de lecture. Alors, pourquoi bouder son plaisir ?
8. Bart Van Loo, Napoléon : L'ombre de la Révolution, Flammarion, 2023.
// Jean-François Pondant
14 juillet 1789, 18 brumaire 1799, 18 juin 1815. La prise de la Bastille, le coup d'État de Bonaparte, Waterloo. Trois repères pour une période tumultueuse d'où émerge Napoléon, qui n'en finit pas de fasciner et d'interroger. Comment ce Corse inconnu de tous a-t-il pu convaincre les Français qu'il était l'homme providentiel ? De quelle chair était fait cet empereur, qui a sillonné les routes de l'Europe et de l'Afrique pour livrer bataille, a engendré le monumental Code civil et provoqué la mort de millions de personnes avant de s'embourber dans une prairie marécageuse à Waterloo ?
Hasard du calendrier ? Alors que vient de sortir le Napoléon très controversé de Ridley Scot, Bart Van Loo nous régale avec cette biographie.
Sa magistrale histoire des Ducs de Bourgogne (Les Téméraires) avait permis au public francophone de découvrir cet auteur belge. Il nous revient ici avec une biographie de Napoléon. Encore, allez-vous dire… tant, en effet, la vie de cet homme a été étudiée sous tous les angles possibles et imaginables.
Bart Van Loo s'attache ici à raconter comment s'est forgé l'homme puis le mythe à une époque de l'histoire de France gorgée de turbulences et contrastée, où les Droits de l'Homme cohabitent avec la guillotine, où les Français ont tué leur roi pour, quelques années plus tard, accepter l'Empire.
Le récit est brillant, enlevé, amusant… à l'image de l'auteur lors des nombreuses interviews qu'il a données récemment. De plus, cet essai historique se lit comme un roman. Plongez-vous-y donc avant d'aller voir le film. La comparaison risque d'être intéressante.
9. Etienne Davodeau, Loire, Futuropolis, 2023.
// Jean Kattus
Qui, mieux que l'auteur Etienne Davodeau lui-même, peut nous présenter son oeuvre Loire, "La tentative du portrait d'un fleuve en bande dessinée..." ?
Écoutez-le dans le podcast suivant : https://www.radiofrance.fr
Si vous avez des gouts aussi éclectiques que Gaston Lagaffe, Jacques Tardi, Patrick Manchette, Ken Loach, Georges Brassens... Si vous aimez le croquis... Si vous appréciez les aquarelles délicates qui savent si bien rendre l'atmosphère d'un ciel changeant en fin de journée... Si la nostalgie vous parle... Si prendre le temps de lire en goutant le texte, les images et l'histoire, c'est votre truc... La lecture de Loire ne pourra que vous séduire !
10. Gonzalo Moure et Alicia Varela, Le hareng rouge, Les P'tits Bérets, 2015.
// Philippe Cheyrels
Le hareng rouge, original mais quoi de plus normal pour un bel album cartonné sans paroles qui fait la part belle à ce procédé narratif qui consiste « à noyer le poisson » en proposant au lecteur des personnages qui viennent distraire son attention.
Il suffit de poser son regard et le laisser se promener d'un personnage à l'autre pour construire leurs propres histoires respectives au fil des pages.
À la manière d'Anthony Browne dans son album Une histoire à quatre voix, les auteurs nous laissent, ici, libres de choisir notre point de vue. Puis, de recommencer, encore et encore… Alors, faites travailler votre imagination et tentez l'expérience !
De plus, un livret indépendant accompagne l'album et propose différentes courtes narrations pour quelques-uns des personnages représentés. De quoi s'inspirer pour de futures tâches d'écriture.
11. Marlen Haushofer, Le Mur invisible, Babel, 1992. et Jean Hegland, Dans la forêt, Gallmeister, 2018.
// Anne-Catherine Werner
Dans le domaine littéraire, la forêt constitue une source d'inspiration inépuisable. En effet, tantôt hostile, tantôt refuge, ce lieu a été et est encore exploité de multiples façons, que ce soit dans les récits destinés à la jeunesse ou dans des romans ciblant un lectorat adulte.
Dans les années soixante, Marlen Haushofer publie un roman intitulé Die Wand. Ce célèbre récit, traduit en français une vingtaine d'années plus tard sous le titre Le Mur invisible, se présente comme un journal de bord qui aurait été griffonné au dos de vieux calendriers par la narratrice dont on ignore le nom. Partie passer quelques semaines avec sa cousine et le mari de celle-ci dans leur chalet de montagne, elle se retrouve brutalement coupée du monde par un mur invisible et infranchissable... De l'autre côté du mur, tout semble figé. La voilà seule... ou presque : Lynx, le chien de la maison, est à ses côtés. Les deux personnages apprendront à se connaitre et à s'apprivoiser. Ils mettront leurs forces en commun pour survivre à travers les saisons et exceller dans l'art de la débrouille. Ils seront rejoints, pour un temps plus ou moins long, par quelques autres animaux errant comme eux dans ce monde endormi.
Dans la forêt de Jean Hegland fait largement écho au roman de Marlen Haushofer. Nell et Eva, deux sœurs âgées de dix-sept et dix-huit ans, vivent à l'orée de la forêt avec leur père. Le monde tel que nous le connaissons vacille et la civilisation s'effondre. Les deux jeunes filles se retrouvent alors seules dans un univers aux accents postapocalyptiques. Tout comme l'héroïne d'Haushofer, elles devront apprendre à (sur)vivre en harmonie avec la nature, en identifiant et en puisant dans la forêt les ressources vitales...
Des personnages féminins forts, comme on les aime, des destins chamboulés, déviés, menant à la résilience... voilà les principaux ingrédients de ces récits prenants et émouvants qui invitent le lecteur à questionner les valeurs ainsi que les relations humaines, et à se recentrer sur l'essentiel. Ils ouvrent la voie à un questionnement profond, philosophique : pourquoi chercher à survivre quand on se retrouve seul ou presque ? Survivre, est-ce vraiment vivre ?
En cette période hivernale, les promenades en forêt sont à la fois ressourçantes et revigorantes. Après la lecture de l'un de ces romans, elles seront également l'occasion de regarder la nature autrement. Le Mur invisible et Dans la forêt existent tous deux en version audio. Les écouter en pleine nature, au cœur de la forêt ou installé au chaud dans un chalet avec vue sur la montagne constitue assurément une expérience puissante, hors du commun...
12. Édouard Brasey, La petite encyclopédie du merveilleux, Le pré aux clercs, 2021 et Katia Lanero Zamora, Les ombres d'Esver, ActuSF, 2018.
// Sylvie Bougelet
Vous appréciez les romans de fantasy ou vous êtes parfois à la recherche d'informations sur les créatures des récits se déroulant dans un univers merveilleux ? Cet ouvrage est une mine d'or sur les elfes, les dragons, les sirènes, les licornes, les loups-garous, les vampires, les géants et de nombreux autres êtres irréels. L'auteur, Édouard Brasey, a cherché à savoir ce qui se disait ou s'écrivait sur plus de 200 créatures extraordinaires en se référant à la mythologie, aux légendes, au folkore, à des romans notamment.
Cette encyclopédie magnifiquement illustrée par des enluminures, des tableaux qui la fait ressembler à un grimoire ancien a été présentée dans une émission radiophonique, Les aventuriers de l'étrange sur Sud Radio: https://youtu.be/L6E5Q_KYq64.
L'intérêt actuel pour ces créatures de l'univers merveilleux y fait l'objet d'une réflexion en lien avec le succès de romans les mettant en scène (ceux dont le héros est Harry Potter, les différents tomes du Seigneur des anneaux ou du Monde de Narnia qui ont été adaptés au cinéma). Des adolescents notamment s'y intéressent actuellement selon les constats d'Édouard Brasey. Dans cette émission, les traditions de Noël sont également évoquées à partir des recherches d'Édouard Brasey.
Simon Vromen, étudiant B3, a exploité cet ouvrage dans le cadre d'activités qu'il a élaborées au départ d'un roman de Katia Lanero Zamora, Les ombres d'Esver. Cette écrivaine née en 1985 à Liège est également scénariste et conseillère en écriture à la RTBF dans l'unité consacrée aux séries de fiction. Les ombres d'Esver est un roman de fantasy publié chez ActuSF en 2018 et destiné aux lecteurs à partir de 15 ans environ : il intègre de nombreuses créatures extraordinaires telles que les ombres ou le bucentaure. Il met en scène une adolescente de 16 ans qui vit recluse, avec sa mère, dans le domaine d'Esver, un manoir mystérieux. Elle étudie la botanique, mais elle est hantée par des rêves étranges jusqu'au jour où elle apprend que son père veut vendre le domaine où elle habite et qu'il est en train d'organiser son mariage forcé avec un de ses associés.
13. Jane Oshka et Noémie Favart, St Nicolas vs Père Noël, Versant Sud, 2018.
// Maud Lesceux
Le soir de SA fête, saint Nicolas installe avec minutie cadeaux et friandises lorsque Père Noël arrive par la cheminée. Il n'en fallait pas plus ! Les vieux barbus préférés des enfants se lancent alors dans une incroyable querelle : sélection des cadeaux, célébrité, tenue vestimentaire, réputation, fabrication des jouets, valeurs… Tout y passe, jusqu'à la carotte laissée pour l'âne… Ou pour un renne ?!
La dispute devient bagarre et finit par réveiller les enfants de la maison. Comment saint Nicolas et Père Noël se sortiront-ils de cette situation ?
Avec cet album aux allures de bande dessinée, Jane Oshka et Noémie Favart nous offrent un petit bijou d'humour et d'originalité susceptible de plaire à tous, des plus jeunes aux plus grands.
Quoi de mieux pour clôturer que l'interprétation, un brin naïve mais tellement sensée, des étoiles illustrées par un enfant sur la première de couverture : « Ils ont raison, c'est un livre 5 étoiles » !
14. Gaspard Koenig, Humus, L'Observatoire, 2023.
// Amélie Hanus
Deux jeunes gens se rencontrent dans une grande école d'agronomie parisienne, ils sympathisent en assistant à une conférence sur un sujet engagé : la nécessité de préserver les vers de terre, qui sont essentiels au renouvellement et à la vie des sols. Un enjeu crucial au niveau de l'agriculture mondiale. À l'issue de leurs études, leurs destins se séparent : le fils à papa philosophe quitte tout pour aller faire revivre les sols appauvris des terres de son grand-père et le brillant fils d'ouvrier, Kevin, lance une boîte de compostage (toujours par des vers de terre, mais à un niveau industriel) qui va remporter un rapide et fulgurant succès. C'est sans compter la situation actuelle des terres et les conséquences déjà désastreuses du réchauffement climatique : les deux projets vont capoter, avec pour conséquence la déchéance des deux protagonistes.
Pourquoi faut-il absolument lire Humus ?
Pour la gageure : arriver à passionner le lecteur autour d'une histoire de vers de terre, cela relève de l'exploit !
Pour le style à la fois touffu, fourni et enlevé. Gaspard Koenig manie une très belle langue, avec un côté balzacien dans les descriptions (sans les excès).
Pour le contraste avec le style (les habituelles phrases courtes et style lapidaire) qu'on retrouve bien (trop) souvent dans les sélections des nombreux prix littéraires français. Notons que cela ne l'a pas empêché de remporter le Prix Interallié et le Prix Jean Giono.
Enfin, pour la profondeur et la complexité des deux personnages : vous ne pourrez qu'être touchés par cette très belle et émouvante histoire d'amitié entre deux jeunes hommes.