Album (22) : "Contes au carré" - Oeuvres littéraires en version brève
La présentation synthétique d'œuvres littéraires ou culturelles appartenant au patrimoine commun sous la forme de brèves planches de BD permet une exploration et une exploitation variée au service de compétences multiples, telles que la lecture, l'écriture, la démarche du résumé, la sensibilisation aux structures narratives ou encore à la polysémie du texte et de l'image. Quelques exemples à partir des œuvres de Loïc GAUME et Henrik LANGE.
Informations bibliographiques
Loïc GAUME
Editions Thierry Magnier, 2016
Format rectangulaire : 15 X 20 cm
Tout public, 88 pages
Le mot de l'éditeur
Et si tous les contes que nous connaissons, et même plus, pouvaient tenir en quatre cases ? Toutes leur richesse et leur singularité en seulement quatre petites cases ?!
C'est le pari fou et audacieux qu'a entrepris Loïc Gaume, dont c'est ici le premier livre. De La princesse au petit pois à Baba Yaga, en passant par Barbe Bleue et Les Trois petits cochons, il nous propose une plongée fantastique dans l'univers des contes. Avec un trait très épuré, Loïc Gaume a réussi à créer un monde riche de sens et de pictogrammes, où le loup est toujours le même, les mariages toujours symbolisés par une bague, etc. Un monde où les contes se font écho et se répondent les uns les autres.
Un recueil audacieux, où une quarantaine de contes, de La princesse au petit pois à Barbe bleue en passant par Les trois petits cochons, sont racontés en quatre cases seulement !
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TEXTE
Il est des albums qui constituent des aides précieuses pour l'explicitation des stratégies de lecture, celui de Loïc GAUME1 en fait partie. Publié récemment par un jeune auteur-illustrateur2, cet ouvrage intitulé « Contes au carré » permet au lecteur de (re)découvrir les contes les plus célèbres sous la forme de 4 vignettes de bande dessinée.
Le texte simple et choisi avec soin, au mot près, permet de rendre compte des différentes étapes parcourues par le héros de chacun des contes. Le travail de résumé n'est guère aisé et la forme oblige l'auteur à une rédaction synthétique exemplaire.
ILLUSTRATIONS
Les illustrations épurées et, elles aussi, synthétiques se matérialisent sous la forme de pictogrammes qui agencés les uns par rapport aux autres créent du sens. Les premières pages de l'album (le sommaire) listent d'ailleurs ces différents pictogrammes ainsi que leur signification de manière à préparer le lecteur. L'intelligence de l'agencement de ces pictogrammes et le travail à partir des touches de couleurs qui viennent insister sur certains éléments de l'image permettent au lecteur de créer du sens de manière polysémique. Au niveau iconographique également, afin de percevoir finement le sens de la narration, il conviendra de développer des stratégies de lecture efficaces liant les informations du texte et de l'image. Par exemple, la 2e vignette du conte « Les 3 petits cochons » nous montre , de manière quasi schématique, que le loup a déjà détruit les deux premières maisons et dévoré les deux premiers petits cochons.
QUELS OBJECTIFS ?
La volonté principale, assumée par l'éditeur, consiste à confronter les lecteurs à une culture littéraire commune, à enrichir leur culture générale, bref à développer leurs connaissances littéraires : « L'apprentissage des contes à l'école et en dehors de l'école constitue pour chaque enfant une culture de référence. Ils sont lus à l'école pour le plaisir, parfois interrogés plus profondément, redécouverts sous différentes formes et leurs personnages apparaissent même souvent dans des albums de jeunesse contemporains. »3
D'un point de vue didactique, la présentation collective de ces contes (connus ou moins connus) offre une mise en réseau, entendue comme le fait de mettre ensemble des ouvrages qui ont la même particularité (TAUVERON, 2003). Le recueil permet donc une mise en relation aisée entre ces différentes oeuvres du même genre qui engagera le lecteur dans une démarche de comparaison, d'identification des caractéristiques communes et donc dans la construction d'un horizon d'attente (JAUSS, 1978) qu'il pourra réinvestir par la suite dans ses futures lectures ou dans des productions personnelles. Globalement, il est donc intéressant de travailler sur les structures spécifiques des contes afin de permettre au jeune lecteur de se familiariser avec ces schèmes narratifs pour améliorer sa compréhension en lecture (en formulant des prédictions, par exemple) et pour le préparer à s'essayer à la production de ce même genre. Dans cette perspective, le texte et les illustrations simples permettent un transfert aisé et constituent, de ce fait, des modèles (assez) commodes à reproduire, des médiations originales qui permettront de rendre compte du degré de maitrise du jeune lecteur. De plus, le découpage en 4 cases correspond systématiquement aux différentes étapes du schéma narratif : case 1 = situation initiale + élément perturbateur / cases 2 et 3 = péripéties / case 4 = élément de résolution + situation finale, ce qui facilite la perception, l'explicitation des structures du texte.
De multiples exploitations pédagogiques peuvent être envisagées au départ de ce support. L'éditeur, Thierry Magnier, en propose d'ailleurs plusieurs sur son site, dans un dossier pédagogique4 reprenant différentes pistes concrètes à destination d'enfants de CE1/2 (c'est-à -dire 2e et 3e années primaire) : les pictogrammes, la chronologie, le lien illustration/texte, le résumé.
Dans une même veine, citons également les ouvrages de l'auteur suédois Henrik LANGE5, aux éditions Cà et là , qui s'est lui aussi essayé au résumé sous la forme de vignettes de bande-dessinée d'œuvres culturelles (littérature classique, cinéma ou encore séries TV).
Ces diverses versions brèves d'œuvres littéraires (ou plus globalement culturelles) permettent au lecteur de développer ses structures cognitives (GIASSON, 2003) en enrichissant ses connaissances sur le monde (comme sa culture littéraire commune, sa maitrise des schèmes, des structures) et sur la langue (notamment les connaissances sémantiques et pragmatiques). Ces différentes connaissances permettront alors au lecteur d'affiner sa lecture, dans la mesure où elles lui seront utiles lors de la mobilisation des différents processus durant l'acte de lecture (le lecteur sera, par exemple, capable d'identifier les idées principales, de dépasser le texte, de créer des liens avec d'autres lectures, voire avec ses expériences personnelles).
Aurélie CINTORI
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1 Pour plus d'informations : http://loicgaume.blogspot.be
2 Voir à ce propos l'interview de Loïc GAUME réalisée par Isabelle DECUYPER (Lectures.cultures n°4 – septembre-octobre 2017) –
http://www.litteraturedejeunes...
3 Présentation de l'album dans le dossier pédagogique
4 http://www.editions-thierry-ma...
5 https://nordique.zonelivre.fr/...